Le sens du combat

Jerome Marty

Jerome MartyLe sens du combat…

Elle est belle mon union, elle est belle, peu importe qu’elle trompe la profession, elle est belle mon union !
Faut-il tout accepter ?
Voila la question qui me taraude depuis plusieurs jours.

Faut-il tout accepter ? L’image est-elle plus importante que le sens du combat ?

Le 3 novembre les syndicats de médecins ont donné une conférence de presse commune, l’UFML a participé au tour de table qui l’a précédé et ce que nous y avons vu ne doit pas vous être caché.
Nous avons vu deux structures : la CSMF et MGF, au mépris de ce que nous vivons depuis 4 ans (la main mise inexorable de l’Etat sur le soin et le leg du système assuranciel au privé), limiter la discussion à des revendications tarifaires et au Tiers Payant Généralisé.
Pas une fois ces structures n’ont abordé la question des valeurs, FONDAMENTALE et AU CENTRE du combat.

La CSMF et MGF nous ont ramenés 2 ans en arrière : lourdeur administrative du TPG et gratuité du soin, jamais ils n’ont abordé le changement de paradigme que la loi de Santé construit.
Face à ces déclarations dangereuses, au sens où elles laissent le champ libre à la loi, les autres structures syndicales ont été bien faibles, obnubilées par la nécessité de l’union.
L’union, la question est là : l’union est-elle plus importante que le sens du combat ?

Nous nous sommes lancés dans un blocage sanitaire national, par essence, si ce mouvement réussit, sa réussite sera due à deux choses :
La capacité à mobiliser de certains.
La réponse globale de la profession à cette capacité.

La CSMF et MGF mobilisent-elles pour ce mouvement ? Appellent-ils au blocage sanitaire ? Prononcent-ils ou écrivent-ils les mots « arrêt global d’activité » ? Ou limitent- ils leur communication à  » une journée santé morte » ?

Les médecins sont non syndiqués pour 90 % d’entre eux, qui les mobilise ? La CSMF ? MGF?

J’ai entendu lors de la préparation à cette conférence de presse, Claude Leicher président de MGF déclarer que la loi de modernisation du système de santé  » n’était pas une loi d’étatisation du soin » !
 » j’ai lu la loi dans le train en venant » nous a-t-il dit !!! « L’étatisation existe déjà, je ne vois pas ce que cette loi apporte de plus »
 » il n’y a pas de problème d’ouverture des données de santé « , « personne ne trouve d’ailleurs à redire quand une ASH connaît le diagnostic d’un patient au sein d’une hepad ».

J’ai entendu et vu JP Ortiz, président de la CSMF, essayer de limiter le combat au champ du seul TPG « parce que c’est ce qui mobilise la profession ».

Le sens du combat doit-il primer sur l’union ?

Je relisais ce matin les déclarations de G Sarkozy :
« La raison d’être des complémentaires est de rendre des services supplémentaires, de réguler la dépense, d’augmenter laJ qualité des prestations. Or on nous empêche de le faire. Notre ambition est de réinventer le métier en développant les actions de prévention, notamment au niveau des entreprises (Entreprise Territoire de Santé) – les entreprises ont compris que les salariés en bonne santé sont plus productifs et moins absents, et nous avons un programme qui s’appelle “bien-être et productivité”. Nous voulons aussi devenir une marque de confiance entre les Français et l’offre de soins, c’est-à-dire en étant capables d’orienter les Français qui le souhaitent dans la médecine curative. Nous voulons aider les patients dans tout leur parcours, du choix du médecin jusqu’aux suites opératoires. Bref, délivrer une prestation globale à dimension financière et sociale.

J’ai l’autorisation de la gouvernance d’engager plusieurs dizaines de millions d’euros dans cette stratégie. Il est essentiel et vital d’augmenter notre valeur ajoutée dans la nouvelle donne qui se met en place pour justifier notre raison d’être, et ne pas se contenter de procéder aux remboursements. Il faut de trois à quatre ans pour faire cette mutation rapide. La rapidité des changements dans le domaine de la médecine est stupéfiante. Et si on ne réagit pas à cette révolution, on sera doublé par d’autres, peut-être des étrangers. Un Uber peut très bien émerger dans la santé du jour au lendemain. Je suis obnubilé tous les matins par ce risque. Aucun secteur n’est protégé. »

J’ai repensé à l’urgence qui nous fait face et au rouleau compresseur qui s’avance.

Le sens du combat est plus important que l’union !

A la demande de JP Ortiz, la conférence de presse s’est construite sur la recherche du plus petit dénominateur commun : le TPG.

Il a donc été implicitement reconnu que le combat pour les valeurs, pour la liberté et l’indépendance, n’était pas ce point commun pour les responsables syndicaux.

Le sens du combat est pourtant plus important que l’union.

Depuis 4 ans, nous avons alerté la profession, nous avons ouvert les yeux de nombre de médecins.
J’ai repensé à l’énergie dépensée. Au temps perdu à démonter de faux arguments de structures syndicales qui sans cessent parcellisaient ou réduisaient le combat à des intérêts catégoriels.
J’ai repensé à la responsabilité de la CSMF et de MGF, avenant 8, ROSP, ANI, loi sur les réseaux…
J’ai repensé à notre responsabilité face à vous tous.

Nous sommes engagés dans un mouvement de blocage sanitaire national, il ne devra sa réussite qu’à la mobilisation de tous.

Il y a 90 % de non syndiqués, qui les mobilise ? Qui fait le job ? Qui a porté l’idée de liberté et d’indépendance ? Qui a la responsabilité du combat ?

Voilà les questions que nous devons nous poser.

Le combat contre la loi Santé ne ressemble à aucun autre.

Il est GLOBAL, il ne peut être parcellisé.

La recherche du plus petit dénominateur commun est à l’exact opposé de ce qu’il faut faire. Cette volonté traduit plus que tout ce qui fait l’échec de nos professions depuis des années et le champ laissé aux politiques, administratifs et autres marchands du temple.

A force de privilégier l’intérêt boutiquier, l’immédiateté, à force de petite lâcheté devant la responsabilité, à force de privilégier l’image sur le sens, nous avons laissé notre liberté et notre indépendance nues.

Le combat que nous menons nous dépasse, parce qu’il n’est que sens.
Nous nous battons pour la liberté et l’indépendance, pour la défense de notre éthique et de notre déontologie, pour ne pas laisser le soin à d’autres intérêts que le soin.

 C’est pour cela que l’UFML a, dans son communiqué de presse du 4 novembre, précisé qu’elle ne pouvait cautionner l’idée de « l’appel à la désobéissance au TPG  » comme axe de combat. L’UFML refuse que l’on manipule les médecins, les soignants.

Si la loi passe , le TPG ne sera appliqué qu’en 2017, les médecins devront alors contractualiser individuellement face aux ARS , et c’est seuls face aux ARS qu’ils devront déclarer leur opposition, qui les défendra alors ?
Prôner comme axe de combat la désobéissance au TPG c’est déjà accepter la loi !

Et jouons la transparence, je vous le dis, nombre de responsables ont déjà accepté son passage et tournent déjà le regard vers l’après.

Comme si « sauvons les meubles » était une politique, comme si « encore une minute monsieur le bourreau » était une victoire.

Pour l’UFML il n’est que deux solutions : le retrait ou le moratoire de la loi.

Ces deux solutions nous les avons portées et avons oeuvré pour qu’elles soient reprises par d’autre.

NO NEGO et moratoire : Copyright UFML !!! Le moratoire peut être la solution de sortie de crise qui permette à la profession de reprendre la main sur la loi et devenir responsable de son avenir. Cette solution semble faire trembler l’édifice, cette solution est nôtre !

Le combat que nous menons est d’abord celui de chacun d’entre vous et, si le politique tremble, si les certitudes ne se font plus si solides, c’est précisément parce qu’un mouvement s’est levé, fait de coordinations, d’associations, de médecins de terrain.

C’est aussi parce que l’union de combat qui a vu le jour est indivisible, basée sur la défense de ce qui fait notre existence et notre mission devant les hommes.

Nous sommes loin, très loin, des débats catégoriels.

Lors de la conférence de presse du 3 novembre nous avons vu l’exact opposé de l’effacement devant l’évènement, nous avons vu au contraire des hommes qui cherchaient à effacer l’événement pour continuer à exister ( recherche du plus petit dénominateur commun).

Le 13 novembre il y aura une nouvelle conférence de presse, l’UFML n’acceptera pas, je le dis avec la plus grande gravité, que les coordinations, associations et autres structures syndicales d’autres profession du soin soient écartées au bénéfice des responsables des structures syndicales médicales.

Pas plus que l’UFML n’acceptera qu’il y ait 2 conférences de presse.

Seul le sens du combat compte, et face à lui les structures s’effacent. L’enjeu prime sur le jeu. L’enjeu prime sur le JE.

Toutes les structures, tous les responsables devront être sur la même ligne.
La ligne du sens du combat.

La liberté ne s’écarte pas, chacun d’entre nous la porte que nous soyons médecins soignants ou patients !

Nous sommes un combat, nous sommes une lutte, le reste, tout le reste n’est qu’écume.

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