Lettre ouverte des infirmiers libéraux de France

aurore deschamps

aurore deschampsFDILLe 25 février 2016

Lettre ouverte des infirmiers libéraux de Franceà Monsieur le Premier Ministre Manuel Valls et à Madame la Ministre Marisol Touraine

Monsieur le Premier ministre,

Madame la Ministre,

L’heure est aujourd’hui à l’inquiétude générale sur l’avenir de notre profession d’infirmiers libéraux et surtout à la questionde la place quel’on souhaitenous accorder dans le système de modernisation de la santé.

Un seul ressenti : celui d’une volonté à peine dissimulée de nous voir disparaître !

Depuis la naissance des réseaux de soin, HAD, SSIAD, etc., nos conditions de travail sont gravement altérées, les patients se font de plus en plus rares, les structures les « accaparant » dès leur sortie d’hôpital, sans parler de ceux que nous avons déjà en soins avant leur hospitalisation et que nous récupérons difficilement à leur sortie, les HAD usant de leur plus « belle prose » pour vanter les mérites de leur système dans les murs même des structures, allant jusqu’à altérer pleinement la notion de « libre choix du patient » de l’Article R4312-8 du Code de la santé publique.

Sachez, Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre, que les coordinateurs de ces structures, qui font carrément « leur marché » dans les services concernés auprès de personnes fragilisées et en état de dépendance, usent même d’arguments mensongers et de chantage dans certains cas et je cite : « si vous ne nous choisissez pas, vous perdrez les aides de la Caf, vous ne percevrez plus l’APA, vous devrez être placé car vous n’aurez plus l’oxygène à domicile, etc. ». Les patients manipulés et sous influence acceptent ce système par peur.

Qu’en-est-il de nous, infirmières et infirmiers libéraux,œuvrant au chevet des patients par monts et par vaux, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 au détriment parfois de nos vies personnelles ?

Nous, des professionnels de santé qualifiés, compétents et qui ne comptent pas leurs heures de travail administratif, qui pratiquent majoritairement leTiers-Payant Généralisé dans l’intérêt du patient à l’encontre du nôtre tant il représente un travail monumental dans la relance des non-paiements par les mutuelles et nous déqualifie aux yeux des administrations !

Aujourd’hui, vous annoncez accorder un budget conséquent dans l’élargissement de ces réseaux de soins, budget qui n’est pas nécessaire puisque nous, nous sommes plus de 80 000 à être présents sur le terrain et pleinement aptes à faire exactement le même travail sans débourser un euro d’investissement pour l’Etat ! Rappelons que nous gérons les retours à domicile depuis toujours, bien avant la création de ces réseaux de soins et qu’il n’y a pas de déserts d’infirmiers et infirmières libérales puisque notre professiona signéun accord conventionnel sur la démographie qui nous place partout dans le maillage territorial !

Collaborer avec ces structures, pourquoi pas, mais lorsque nous constatons que nous sommes rémunérés en deçà de la NGAP, nous obligeant à signer une convention pour accepter ce fait, où est la notion de libéral et de justice dans tout cela quand cela engendre des surcoûts à la collectivité ?

Monsieur le Premier Ministre,Madame la Ministre, qui accepterait de travailler dans ces conditions ? De brader son salaire, son savoir-faire et son avenir ? Cela représente pour nous un véritable et inacceptable mépris de la profession.

Et que dire Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre, du droit qu’ont ces réseaux de soins à installer leurs bureaux au sein même des centres hospitaliers et à faire de la publicité, du flocage des véhicules, alors que le Code de la Santé publique et notre Convention nous l’interdisent formellement et ne nous laisse que la possibilité d’apposer une plaque de 25 cm x 30 cm !

La concurrence est rude mais surtout inégale ! Est-ce le sort que nous méritons !

Enfin, que dire également des toutes récentes Plateformes d’Appuis Territoriales, qui viennent encore mettre un peu plus d’huile sur le feu ?

Mais notre courrier serait trop long c’est pourquoi, Monsieur le Premierministre, Madame la Ministre, nous souhaitons vivement vous rencontrer afin de vous faire part de toutes nos difficultés sur le terrain et également de nos inquiétudes légitimes sur l’avenir de notre profession libérale.

Nous vous proposonsune rencontre avec les, infirmiers libéraux de terrain et les représentants des syndicats de notre profession, afin de discuter des dangers qui nous menacent, des inégalités qui nous détruisent et de notre désespoir, car ce sont nos vies et nos familles qui sont menacées, tout autant que la sérénité de nos patients que l’on nous arrache.

Votre date sera la nôtre, et sans avoir la prétention de gérer votre agenda, peut-être pourrions-nous profiter des Journées Nationales de l’Infirmière Libérale (JNIL) ou du salon infirmier pour nous rencontrer ?

Dans l’attente de votre réponse, veuillez croire, Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre, en l’expression de notre plus haute considération.

Aurore Deschamps

Infirmière Libérale

Au nom duFDIL “Force et Détermination des Infirmiers Libéraux” (groupe Facebook)

groupe.fdil@gmail.com

Le FDIL remercie les syndicats de l’ONSILet son président Patrick Experton, deConvergence Infirmière  et sa présidente Ghislaine Sicre et l’association de l’UFML et son président Jérôme Marty, de nous soutenir dans cette démarche.

Merci à Isabelle Rios (Juriste ONSIL), Christine Bouchet (Présidente PACA ONSIL) et à Christophe Chabot (SN Convergence Infirmière) pour leur contribution à l’élaboration de cette lettre.

Copie à Monsieur Etienne CHAMPION, Directeur de cabinet de Marisol Touraine, à Mesdames et Messieurs les Députés, à la Direction Générale de la Santé

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