Les médecins s’installent dans les régions ensoleillées et il n’y en a jamais eu autant ?

Commençons par le problème du nombre de médecins exerçant en France:

L’atlas 2017 de la démographie médicale publié par le Conseil National de l’Ordre des Médecins met en évidence

Hausse du nombre total des médecins mais baisse de l’activité régulière

Au 1er janvier 2017, 290 974 médecins sont inscrits au tableau de l’ordre. Toutefois, parmi ces médecins la proportion des professionnels en activité régulière recule de 10 points depuis 2007 pour atteindre 68% en 2017, soit 197 859 médecins.

La France forme donc davantage de médecins mais ils sont seulement 9% à s’installer en libéral au sortir de la faculté et les autres mettent en moyenne 10 ans à s’installer. 25% des étudiants formés se destinent à d’autres activités que le soin.

Une baisse préoccupante du nombre de généralistes

En 2016, l’Ordre avait déjà alerté sur la baisse préoccupante des médecins généralistes dont le nombre était tombé à 88 886.

En 2017 le Conseil national de l’Ordre des médecins constate une nouvelle chute de praticiens avec 88 137 généralistes tous modes d’exercice confondus, alors même que la population nationale augmente.

Le vieillissement de la population médicale va entrainer une aggravation de ce phénomène:

Les effectifs de médecins généralistes sont les premiers touchés par le nombre important de départs en retraite. Ils connaissent une chute inexorable, et ce, de manière préoccupante puisque cette chute devrait se poursuivre jusqu’en 2025 et pourrait se traduire par la perte d’un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-2025.

La baisse du nombre de généralistes est d’autant plus alarmante qu’elle affecte la quasi-totalité de nos territoires ; on la constate dans 93 départements.

Et les médecins qui s’installent, choisissent-ils les régions ensoleillées et balnéaires ?

Effectivement, les déserts médicaux progressent, et pas seulement dans les endroits reculés.

Ils atteignent le péri-urbain et les moyennes et grandes villes du nord au sud. Certains arrondissements de Lyon (où ce sont les pharmaciens qui appellent au secours pour organiser l’installation de généralistes), Marseille et bientôt Toulouse (bientôt plus grand désert médical de France où 2/3 des médecins sont à moins de 10 ans de la retraite), sont touchés.

Et pourtant le Numerus Clausus et le nombre de médecins en France n’ont jamais été aussi importants (pour peu de temps encore).

Mais ont-il été corrélés à la croissance de la population et à son vieillissement ?

Les déserts ne sont pas liés à une mauvaise répartition des médecins comme on veut le faire croire, puisque des régions où il fait bon vivre, comme la Provence, et bientôt Toulouse, manquent cruellement de médecins.

Paris est le plus grand désert en médecins généralistes (moins 21% de généralistes de 2007 à 2014, 0 installations au premier semestre de 2014).

D’ailleurs, une étude de l’INSEE réalisée en 2010 atteste de ce double fantasme de l’inégale répartition des médecins libéraux et de zones sur-dotées, puisqu’alors qu’il n’y avait aucune régulation, 100 % de la population se trouvait avoir accès à un médecin généraliste dans les 15 minutes, et seuls 0,2% des Français se trouvaient dans une zone sur-dotée.

Une étude de la DREES parue en 2017 sur la définition des déserts médicaux affirme: D’après la mesure proposée, 8 % de la population réside dans une commune sous-dense en médecins généralistes, au sens d’une accessibilité inférieure à 2,5 consultations par an et par habitant. Sur la période 2012-2015, on observe une légère augmentation de la population située en dessous de ce seuil, mais l’accessibilité des zones qui étaient en-dessous du seuil en 2012 s’est très légèrement améliorée.

Mais ce problème d’accès aux soins de premier recours ne concerne pas que les zones rurales:

Il suffit d’analyser les faits pour en comprendre les raisons de cette chute des installations de médecins libéraux depuis 20 ans :

-départs en retraite non remplacés

-départs anticipés du libéral en raison de conditions de travail qui ne sont plus acceptables. En témoignent un taux de burn out de 40 à 50%

chez les médecins et un taux de suicide 2,5 fois celui de la population générale.

-refus des jeunes médecins de prendre la relève : 25% choisissent une autre orientation que celle du soin , 9% seulement s’installent à la sortie de leurs études en

libéral, de plus en plus de départs à l’étranger

Les stages chez le praticien et les Maisons de santé soit disant plébiscités par les jeunes n’y changent rien, comme ont le voit.

C’est donc que le diagnostic causal posé est mauvais.

Preuve est faite que l’ attractivité de l’exercice de la médecine libérale s’est dégradée sur l’ensemble du territoire et que l’ héliotropisme médical cher à certains professeurs d’économie relève plus de la brève de comptoir que d’un travail argumenté (Que cachent donc les méthodes de Brigitte Dormont ?)

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