Réponse au Monde et à UFC que choisir

Jerome MartyRéponse à un responsable politique qui me demandait par mail mon avis sur l’article du Monde et d’UFC Que choisir sur la démographie médicale et les déserts médicaux :

UFC Que choisir n’est que le prolongement d’une commande d’état, UFC Que choisir avec 60 millions de consommateurs sont très largement subventionnés par l’Etat et, de façon périodique, sortent un article qui permet au ministère d’intervenir avec durcissement d’une loi ou proposition renforcée par les chiffres sortis précédemment par ce journalisme Pathé Marconi.

Pour en revenir aux chiffres : le constat est celui que nous faisons depuis des mois et des mois lorsque nous disons que les politiques n’ont pas saisi la gravité du dossier.

A l’évidence la médecine libérale s’effondre, malade de sa gouvernance et de son financement. Mr Bazot ne propose aucune solution sinon de dire « allez hop ça suffit, yaka les obliger à s’installer, yaka interdire le S2 (aucun rapport) yaka dénoncer les augmentations tarifaires en S2…)

Je rappellerai que c’est le mode de gouvernance et le financement qui ont rendu la médecine indigeste expliquant son manque de sex appeal vis-à-vis des jeunes, et l’accélération des départs et autres déplaquages qui s’ajoutent aux départs à l’étranger. Le journaliste du Monde, lui, n’a rien compris lorsqu’il pense que l’obtention d’un C à 25 euros va résoudre le problème et ré attirer les jeunes médecins …Cela ne résoudra rien à l’heure où la moyenne européenne est à 45 € !

Mais la problématique tarifaire est loin d’être au centre de la crise. La défiance, mère de désespérance, en est le vortex. Les médecins ne peuvent plus accepter de voir une médecine libérale contrôlée à chaque moment de l’exercice, pas plus qu’ils ne peuvent accepter de ne pouvoir avoir la main sur leur avenir après 8 à 15 ans d’études et une sélection draconienne.

Quitte à être dans un milieu infantilisant, ils restent alors à l’hôpital (qui lui-même s’effondre de sa gouvernance administrativo-centrée).

Les solutions- nous en avons parlé- passent par un retour de la confiance, fondé sur une véritable démocratie sanitaire, et pour cela sur le pari que la médecine est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls politiques, et une chose trop personnelle (nous sommes tous patients) pour être laissée aux seuls médecins. Ainsi, les décisions qui président à l’organisation sanitaire doivent être prises à trois : Etat, médecins (soignants) et patients, chacun avec droit de véto.

Les jeunes médecins se doivent d’être intégrés à chaque étage des discussions. Il en est de même pour les hôpitaux privés ou publics où les décisions doivent également être prises par les administrateurs de la structure, médecins et patients. Les zones actuellement désertifiées (vrais déserts) doivent bénéficier d’une politique de relance économique, les populations de ces zones doivent toutes être mises en ALD afin de pouvoir rémunérer à l’acte les médecins de ces zones à hauteur de 60 à 70 euros l’acte.

Six cent médecins pour les zones en vrais déserts il y a deux ans, beaucoup plus aujourd’hui du fait de la politique du chien crevé au fil de l’eau.

Un milieu sanitaire c’est une richesse, c’est l’assurance d’une fixation de population, de maintien scolaire, de développement de commerces et surtout c’est un critère de confiance pour la population, donc de santé !

Il faut immédiatement permettre l’exercice multisites, favoriser les passerelles privé-public et public-privé, revoir de fond en comble le traitement de l’hospitalisation privée qui souffre d’une distorsion de traitement au bénéfice du secteur public nourri à la culture du déficit, favoriser la création de cliniques sur le territoire c’est favoriser l’aménagement sanitaire, il faut impérativement et en urgence oser sortir du sacro saint ONDAM pour l’enveloppe tarifaire, il est nécessaire qu’un Etat fort définisse devant le peuple la valeur de l’acte et de la pratique médicale sans se réfugier derrière le risque de dépassement de l’enveloppe.

NOUS Y SOMMES. Le traitement de la profession médicale et au-delà, des soignants (la situation des IDE est également catastrophique) est LE PROBLEME GRAVE DE DEMAIN et il est la corrélation directe du centralisme et de l’énarchie, il est le fils de Raymond Soubie, premier à défendre le fait qu’il faut encadrer toujours plus les médecins. Si vous regardez la politique actuelle, ce n’est qu’encadrement.

Que croyez-vous qu’il va arriver ? Croyez-vous que vous tiendrez ces cerveaux dont beaucoup sont l’élite de la Nation sous le pouvoir de complets gris obéisseurs ? Non, vous les perdrez, la France les perdra. Certes, il y aura des Roumains, des Tunisiens, des Russes, etc, pour un temps, la médiocratie sanitaire française impactera directement ces pays qui réagiront tôt ou tard et créeront les conditions d’un retour de leurs médecins (cf Hongrie).

Alors que fera l’Etat gavé d’ARS et d’agences multiples et variées (financés par l’Etat à hauteur de 40 milliards d’€ par an) ? Il durcira encore les conditions d’exercice, obligera l’installation, interdira de sortir du pays pendant 10 ans ? Tout cela au sein de l’Europe ?

Soyons sérieux, nous connaissons le problème, il s’appelle centralisme et hyper administration, il s’appelle défiance et médiocratie, il fait du médecin, superbe roseau pensant, un outil vulgaire dans la main de l’Etat et du financeur, sans voir qu’en bout de chaîne, le patient paiera au prix fort une médecine gouvernée par d’autres intérêts que le soin.

Construisons la confiance, revoyons la gouvernance, le financement mais surtout n’ayons pas peur ! Chaque euro dépensé par les soignants est à 99 % bon pour le pays (0,1 % de fraude et encore je suis large).

Une médecine de France qui doit être une lumière tant sur le plan de l’éthique que de la technique, tant sur l’humanisme que sur le modèle social. Le dernier ciment sociétal se lézarde et la sphère politique pense le réparer en faisant reposer sur lui toujours plus de poids administratif et en multipliant les faux docteurs décisionnaires pour les blouses blanches.

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