De la révolte des médecins pions.

Jerome Marty

Jerome Marty Les députés ont adopté ce mercredi matin le conventionnement sélectif des médecins libéraux en zone sur-dense, lors de l’examen en commission du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2017,

Ce petit nombre de députés, extrait de la représentation nationale a fait le choix de faire de la sécurité sociale un organisme censeur responsable de la surveillance de l’application de la carte sanitaire qui sera décidée par les agences régionales de santé.

Ce vote n’est en rien une surprise et il n’est que les acteurs habituels de la comédie conventionnelle pour s’en étonner.

Le conventionnement sélectif est en effet écrit dans la loi de modernisation de la santé et la loi a été votée. Ce vote est la suite logique de la loi de Marisol Touraine qui dans son article 1 fait de l’Etat le responsable de la politique de santé, des ARS ses relais, et de l’assurance maladie l’organisme qui assure l’application des décisions de l’Etat. Ce vote transforme un organisme assurantiel en organisme censeur aux ordres du Docteur Folamour.

J’affirme que cette politique est vouée à l’échec, et que sa mise en œuvre aggravera encore l’effondrement de notre système de soin, multipliera les départs de jeunes médecins du territoire national, et diminuera les installations en médecine générale.

J’accuse de cynisme, d’incompétence, et de lâcheté, les députés qui portent cette décision. Cynisme parce la crise démographique sanitaire est issue de leurs décisions passées, de leurs votes passés, de leurs choix politiques passés, qu’ils en sont responsables et que toujours ils s’érigent en connaisseurs et stratèges. Cynisme parce que ce sont des mauvais médecins, des soignants exécrables qui choisissent de poser des pansements sur une plaie purulente qui n’est que la traduction d’une infection généralisée, et qu’ils vont tuer le malade.

Incompétence, parce qu’ils ne sont en rien conscients de l’effondrement de notre système sanitaire, du secteur hospitalier public ou privé à la médecine de ville, des médecins aux paramédicaux. Incompétence parce ce n’est pas d’encadrement dont relève la médecine mais de liberté de pratiques et d’indépendance décisionnelle, après des années de politique sanitaire marquées par une centralisation administrative des pouvoirs.

J’accuse de mensonge et de travestissement des réalités cette poignée d’hommes et de femmes qui, en quelques minutes, pensent pouvoir décider de la vie des médecins qui demain soigneront les Français. Mensonge parce qu’ils réduisent les territoires impactés par l’absence de médecins à quelques modèles reproductibles alors même que chaque territoire, chaque cas est différent de l’autre. Mensonge parce qu’ils affirment connaître la solution alors qu’ils ne connaissent pas le problème. Mensonge parce que, ce faisant, une fois encore, ils cherchent à cacher leurs responsabilités nationales, régionales, départementales ou locales.

Travestissement des réalités parce qu’ils occultent le passé et prétendent construire l’avenir. Parce qu’ils ne disent mot du présent : de ces millions de Français qui se heurtent à la désertion des services de la République. Ces millions de Français dont la vie est marquée à chaque instant par une précarité qui a multiplié les fermetures de commerces et de lieux de vie. Parce qu’ils cachent l’extension de la crise aux centres villes dont les habitants comme les médecins sont chassés par un modèle économique qui réduit l’offre aux banques, aux franchises et autres chaines commerciales. Parce qu’ils ne veulent avouer l’extension de la crise aux villes moyennes et au final à tout le territoire du fait d’une politique sanitaire qui a rendu la médecine de ville non attractive alors même que la médecine hospitalière au sein d’un univers kafkaien s’effondre.

J’accuse enfin ces hommes et ces femmes, d’être des producteurs d’échecs, prisonniers d’un système incapable d’inventer l’avenir. Un système qui ne se nourrit pas du passé qui ignore le présent et ne pense pas le futur.

J’accuse ces femmes et ces hommes d’inutilités coupables, face à un monde qui ne les attend pas et qui au dehors s’apprête à poser la main sur la médecine et sur le soin. Inutilité coupable face au marché assurantiel qui prend le pas sur la solidarité et l’assurance maladie, face au numérique et aux nouvelles technologies qui se rient des frontières, et de l’éthique et vont imposer leur paradigme, Inutilité coupable face à un monde qui s’écrit sans eux, parce qu’ils ne veulent pas le lire.pion

Comme des millions de Français,, je refuse d’être utilisé, posé, déplacé, jeté. La partie ne peut se faire sans moi , la partie ne peut se jouer sans ma participation. Je suis un médecin généraliste, pas un pion, pas encore posé sur la case de vos manquements.

L’UFML appelle à une journée d’action de tous les soignants de France, le 24 Novembre. La médecine ne doit plus être organisée et dirigée par la seule sphère administrative, les soignants aux cotés des patients doivent avoir les mêmes droits de direction d’un système sanitaire qui appartient à tous et ne doit pas être dirigé par d’autres intérêts que ceux du soin.

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