LA RADICALITÉ PEUT ÊTRE SALVATRICE
La radicalité n’est en rien une forme d’extrémisme. La radicalité, c’est retrouver le sens profond, les racines de la Médecine Libérale et du colloque singulier médecin-patient.
Cette radicalité essentielle s’oppose aux faux-semblants et aux compromissions qui ont dégradé notre système de santé et dévalorisé notre exercice, devenu suradministré et vassalisé.
Les racines de l’exercice de la médecine libérale ont été pensées et écrites en 1927 par la Fédération nationale des médecins libéraux.
Cette charte repose sur 7 piliers majeurs qui doivent être rappelés et majoritairement défendus car inscrits au sein de notre Code de Déontologie (CD) :
– le libre choix du médecin par le malade (article 6 CD), justifiant, par principe de réciprocité, la clause de conscience des médecins (article 47 CD),
– le respect du secret médical (article 4 CD),
– la liberté des honoraires et leur paiement direct (article 53 CD),
– la liberté thérapeutique et de prescription (articles 5 et 8 CD),
– le contrôle des patients par les caisses d’assurance,
– la représentation des syndicats au sein des instances,
– et enfin le contrôle des médecins par les syndicats, qui n’a plus cours.
Les libertés médicales et l’organisation des soins en France | Conseil constitutionnel
LA MÉDECINE LIBÉRALE ASSUME SES ENGAGEMENTS ET REFUSERA LES CHAÎNES
Nous faisons face à une succession de propositions de loi (PPL) anti-libérales, avec un concours Lépine d’articles tous plus démagogiques, défendus par le Député Garot à l’Assemblée nationale et le Sénateur Mouiller au Sénat, dont les principaux sont :
– la coercition à l’installation avec une régulation qui sera contre-productive et fera fuir les jeunes.
Un Communiqué de Presse du Conseil de l’Ordre de Nouvelle Calédonie, territoire français qui a expérimenté depuis 1994 la régulation, confirme son échec cuisant.
– l’obligation de participation à la PDSA, pourtant une réussite sur la base du volontariat avec plus de 95% de plages pourvues, qui fera fuir nos ainés.
– le principe de Solidarité Territoriale Obligatoire, du Pacte de M. le Premier ministre Bayrou, dont la mission définie par le Sénat d’exercer 2 jours par mois dans un désert médical sur la base du volontariat, sans aucune modalité organisationnelle concrète, serait assortie de pénalités financières à hauteur 1000 euros par jour en cas de refus, ce qui en fait une contrainte déguisée inacceptable.
Ce n’est qu’une partie des articles et amendements car nos élus ne manquent pas d’imagination pour nous tenir en laisse, allant même jusqu’à proposer l’interdiction de transaction financière en cas de succession.
Face à un tel mépris, aucun médecin ne peut rester indifférent.
Proposition de loi, n° 966 – 17e législature – Assemblée nationale
Proposition de loi, n° 1424 – 17e législature – Assemblée nationale
Nous entendons aussi nos ministres répéter à l’envie : ‘demandons peu à beaucoup plutôt que beaucoup à peu de médecins’. Sous couvert de solidarité, de responsabilité, nous devrions travailler plus encore, dans des conditions dégradées, sans repos compensateurs, dans des territoires désœuvrés car abandonnés par l’Etat bien avant que le dernier médecin ne le quitte…
Les médecins n’ont aucune leçon de responsabilité ou de solidarité à recevoir.
Nous ne serons jamais les obligés de l’Etat, nous ne serons jamais des sous-fonctionnaires avec les contraintes sans les avantages, nous ne serons jamais des agents de l’Assurance Maladie.
Et n’oublions pas les campagnes de la CNAM via les procédures de contrôles d’activité (MSO, MSAP), la malveillance administrative (justification de nos prescriptions…) mais aussi les transferts de tâches qui légalisent l’exercice illégal de la médecine et le dénigrement médiatique de notre profession…
LE POUVOIR EST ENTRE NOS MAINS
Aujourd’hui, force est de constater que les médecins sont trop désunis, fatigués par leur pratique, parfois désabusés voire sans espoir. Force est de constater aussi que l’intérêt de nos pairs pour leurs représentations syndicales ou ordinales laisse à désirer.
Or les puissants ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.
Nous devons, sûrs de notre valeur, nous réarmer intellectuellement et politiquement.
Nous pourrions être une force politique redoutable, respectée et écoutée.
Les seuls spécialistes en Médecine Générale réalisent 1 million de consultations par jour et près de 250 millions annuels, voyant en moyenne 3 fois chaque patient-électeur. Ce chiffre est doublé en y intégrant les autres spécialistes.
Or nous sommes écoutés par une majorité de patients et bénéficions d’un taux de confiance inégalé ce qui fait de nous des relais majeurs d’idées et des faiseurs d’opinions.
Prenons conscience de la force qui est la nôtre pour mettre en échec et faire tomber de leur siège tous les élus qui dénigrent notre exercice et veulent s’imposer à nous, à commencer par les 99 Députés qui ont voté la PPL Garot dans un hémicycle déserté.
Nous subissons depuis trop longtemps un pouvoir politique aveugle et sourd à notre réalité d’exercice, une enveloppe budgétaire dévolue aux soins insuffisante et sans ambition avec une valeur des actes déconnectée du coût réel de nos pratiques.
Donnons-nous les moyens de bousculer les élections pour que chutent de leur piédestal les politiques qui trompent les Français avec de fausses promesses.
Le Code de Déontologie nous impose de nombreux devoirs : probité, écoute, information du patient, qualité et continuité des soins, obligation de moyens…
Or la Convention signée nous contraint, notamment par le volet pertinence et sa liste de déprescriptions reniant le virage ambulatoire, à faire encore plus avec moins.
Ces injonctions paradoxales ne sont plus tolérables : trop de soignants sont en souffrance par leur exercice, trop de patients sont victimes de pertes de chance.
Si nous ne sommes pas au-dessus des lois, arrêtons de subir notre exercice, telles des victimes expiatoires des erreurs politiques passées, car nous n’avons pas à être en dessous des lois.
Ne subissons plus les politiques successives, imposons nous, soyons force de propositions mais aussi des acteurs majeurs des élections en pesant de tout notre poids sur les résultats.
RESTONS MAÎTRES DE NOTRE DESTIN
L’UFMLS accentuera sa présence médiatique et son activité d’influence politique.
Nos échanges avec les députés, sénateurs et le cabinet du Ministre sont francs et constructifs mais ont besoin d’être renforcés.
Nous solliciterons tous les groupes politiques et les 2 chambres du Parlement afin d’informer sur la réalité de l’exercice médical, défendre nos valeurs et les solutions de l’UFMLS pour influer sur les propositions politiques.
L’UFMLS organisera de nouvelles actions : grèves de PDSA, PDSES, mouvements intersyndicaux…
Nous poursuivrons l’action de déconventionnement pour informer, accompagner, libérer les médecins qui le souhaitent d’une convention, qui ne satisfait plus ni les médecins ni les patients.
Dr Guillaume DEWEVRE
Secrétaire Général de l’UFMLS