“Un peu plus de 300”, c’est le nombre d’Infirmiers en Pratique Avancée (IPA) en libéral, installés sur le territoire pour 100.000 infirmiers en exercice, 7 ans, jour pour jour, après la création de cette spécialité le 18 juillet 2018.
Tel est le chiffre avancé par le DG CNAM, M. Thomas Fatome, en audition lors de la commission d’enquête sur l’organisation du système de santé et les difficultés d’accès aux soins.
Tome II – Comptes rendus des auditions – 17e législature – Assemblée nationale
Rappelons qu’il faut 2 ans en plus de la formation d’infirmier diplômé d’Etat (cours théoriques de quelques mois et stages) pour former un IPA. C’est pourtant, en partie, sur la présence et le développement de cette profession que reposent les politiques sanitaires actuelles.
Les responsables politiques qui s’expriment sur notre système de santé font régulièrement référence au rôle indispensable des IPA pour favoriser l’accès aux soins de chaque Français. Ils répètent à l’envie ce qui n’apparaît être au mieux qu’un élément de langage, au pire, une manipulation, eu égard au nombre d’IPA installés en libéral. Et Il en va de même pour les CPTS.
Il y a 300 IPA libéraux, soit pour 130.000 médecins libéraux : 0,0023 IPA par médecin, 1 IPA pour 433 médecins ou encore 1 IPA pour 233.333 Français !
Voilà la réalité des IPA, car présents à l’hôpital, ils n’existent pas ou presque dans le secteur libéral…
C’est un échec, total, indubitable, comme l’est celui de la politique qui a visé à financer la création et la multiplication des Communautés Professionnelles de Territoire de Santé (CPTS), dont la première mission socle est de trouver un médecin à chaque patient sans médecin traitant sur leur territoire. Près de 10 ans après leur création (le 26 janvier 2016 et… 900 CPTS plus tard), force est de constater que plus de 7 millions de Français demeurent sans médecin traitant : un record historique !
Si les CPTS et les IPA sont présentés par le Président de la République et les ministres de la santé successifs comme des piliers de leur politique de santé, il est temps de le dire : ces piliers ne soutiennent rien.
L’UFMLS, soucieuse des dépenses publiques et de la cohérence des politiques sanitaires, appelle à l’arrêt du financement des CPTS et des IPA. Des centaines de millions d’euros sont ainsi dépensés chaque année sans aucune amélioration démontrée de l’accès aux soins.
Le report, à des fins économiques, des revalorisations conventionnelles prévues au 1er juillet 2025 pour les spécialités médicales les plus fragiles et les plus difficiles d’accès pour les patients, sonne dès lors, là encore, au mieux, comme une Tartufferie, au pire, comme une preuve de mauvaise gestion de notre système de santé par les responsables politiques.
Il en va de même des attaques contre le secteur 2, secteur qui favorise les installations des médecins. Les médecins en secteur 2 assument leur engagement social puisque près de 50% des honoraires restent au tarif opposable.
Ce même secteur 2 qui ne grève en rien les dépenses de l’Assurance Maladie ni celles des organismes complémentaires, en raison de remboursements plafonnés, et qui n’a plus à faire la preuve de son efficacité dans le développement de notre système de santé.
Supprimer le secteur 2 dégraderait irrémédiablement l’accès et la qualité des soins.
L’UFMLS l’affirme, notre système de santé relève non pas d’éléments de langages et de manipulations, mais d’une grande loi santé construite avec l’expertise des soignants libéraux et hospitaliers, qui respecte leurs différences, les particularités d’exercices et leurs champs d’action, afin de valoriser et développer l’attractivité de leurs professions et le sens de leur engagement.
Le bureau UFMLS