Lettre au Parti Socialiste et à tous les fossoyeurs de la médecine libérale

brice

briceNous médecins libéraux  qui avons tant de fois entendu ces inexactitudes et approximations   à propos d’une prétendue « justice sociale »  pour défendre la Loi de Santé Touraine   estimons de notre devoir de dénoncer ce laïus et souhaitons que le  parti socialiste cesse ces manipulations de chiffres et de données pour faire avaler cette pilule aux citoyens ; nous voulons que cesse ce mépris, cette déformation du réel. Nous, acteurs de terrain, professionnels de santé   sommes bien plus proches des patients et de la réalité que tout homme politique.

 

Maintes fois la Ministre Marisol Touraine a martelé que « 30% des français renoncent aux soins pour des raisons financières ». D’où tient-elle ces chiffres sans jamais en citer ses sources ?? Et de quels soins parlait-elle ? Car elle est là, la vraie question, qu’en est-il de l’accès aux soins chez le médecin (généraliste ou autre spécialiste) et du renoncement réel pour le français ?

Ainsi si l’on étudie sérieusement les données on est capable de savoir que l’on est loin des 30% de renoncement chez un médecin.

 Le raccourci subjectif sur lequel Madame la Ministre s’est pertinemment engagée représente les soins d’optique et soins dentaires. Et pourquoi  30% des français justement y renoncent ?? Parce que l’Etat s’est désengagé depuis bien longtemps à ne plus rien rembourser de ce type de frais-là. Pardonnez-nous d’exagérer, il ne s’agit pas de « plus rien » mais de « presque rien ».

esp2012

Tiré de  L’Enquête santé et protection sociale (ESPS) 2012, Premiers résultats

Nicolas Célant, Paul Dourgnon, Stéphanie Guillaume, Aurélie Pierre, Thierry Rochereau, Catherine Sermet (Irdes)

                                   

renoncement

Tiré de Le renoncement aux soins pour raisons financières dans l’agglomération parisienne : déterminants sociaux et évolution entre 2005 et 2010. Emilie Renahy, Isabelle Parizot, Julie Vallée, Pierre Chauvin

A peine 1% pour un généraliste et pas même 5% pour une autre spécialité…

Ce renoncement est décuplé par l’absence de complémentaire santé. C’est parce que la personne n’a pas de complémentaire ou de complémentaire adéquate au besoin (faute de moyens) que le renoncement aux soins s’organise.  Le TPG n’est donc en rien une justice sociale. Et vous le Parti Socialiste le savez très bien.

Votre parti justement peut-il nous expliquer ce qui sera différent pour celui qui est un non salarié trop riche pour avoir la CMU mais trop pauvre pour se payer une complémentaire, une fois le TPG en place ? Non il ne le peut pas car effectivement la réponse est RIEN. Le patient aura toujours le reste à charge de la part complémentaire ainsi que les compléments d’honoraires s’il y en a. Votre justice sociale prônée n’est que l’illusion que vous souhaitez apporter au débat, un débat inexistant, stérile, sans concertation, reposant sur de la mauvaise foi, sur la désinformation de la réalité, sur la déformation de cette réalité. 

Maintes fois Madame la Ministre a dit entendre les inquiétudes des professionnels que nous sommes quant à la mise en place du TPG et de ses garanties de paiement… sauf que le paiement garanti « unique » sera prévu en flux éclaté donc non unique. Nous vous rappelons, si vous l’avez oublié, que l’amendement 1731 qui visait à construire un flux unique avec l’Assurance Maladie aux commandes a été rejeté par vos soins.

  Notre inquiétude cependant émane surtout sur le fait de la dépendance exclusive au(x) financeur(s) et la fin de notre indépendance. Oui le TPG signe la fin de la médecine libérale quoique vous en disiez, et oser même prétendre le contraire est preuve d’un grand cynisme. 

Mme DORMONT, que vous connaissez, a, le 19 avril sur France Culture, révélé les vrais buts de cette loi à travers son TPG. Ses propos n’ont pas été prononcés « juste comme ça ». 

« C’est la mort annoncée de la médecine libérale et c’est une bonne chose parce que la médecine libérale est incompatible avec un système d’assurance maladie comme le nôtre » (39’14’’)

« L’intérêt principal est que les circuits financiers ont changé » (40’17’’) 

« Le tiers payant généralisé rend les médecins dépendants du financeur » (40’38’’) 

« Si l’Assurance maladie veut faire pression sur les médecins, elle a les moyens financiers de faire pression sur les médecins » (40’53’’)

« Les médecins recevront leurs rémunérations de la Sécurité sociale ou de l’organisme qui sera en charge du paiement » (41’05’’)

« Les médecins vont dépendre pour leur niveau de vie, pour leur rémunération, du financeur » (41’15’’)

En l’espace de trois minutes, Madame DORMONT économiste de la santé proche du Parti Socialiste, conseillère du Premier Ministre, membre d’un impressionnant réseau de comités et de think-tanks, annonce sans ambages que le TPG, loin d’être une simple mesure administrative de justice sociale, obéit à une volonté planifiée d’attenter à l’indépendance des médecins, de donner aux assureurs le moyen de faire pression sur eux, et d’organiser « la mort annoncée de la médecine libérale ».

Mme DORMONT anéantit ainsi tous les arguments entendus  sur notre « indépendance » prétendument préservée et complètement bafouée en cas d’application de ce TPG. 

Prenez-vous conscience que nous arrivons à une subordination complète des médecins face à une autorité centralisatrice ?

Cette indépendance déjà mise à mal par le ROSP (ou P4P), grand frère du CAPI et véritable boîte de Pandore pour la médecine libérale. Ce système de carotte qui n’a pas lieu d’être où la rémunération du médecin est dépendante d’un certain nombre de critères, notamment de critères de prescriptions.

Que l’on nous cite une seule source qui démontre que l’état de la santé de la population s’est amélioré avec ce système de primes à la performance. En Angleterre, il est désormais question de retour en arrière à ce sujet alors qu’il y est installé depuis 11 ans.

« Le P4P peut être qualifié de faiblement efficace parce qu’il n’est pas prouvé qu’il améliore la qualité des soins ou bien qu’il rende les médecins concernés économes. Le cas de l’Angleterre est particulièrement frappant parce que, si depuis l’introduction à très grande échelle du P4P, en 2004, les médecins ont vu leur rémunération sensiblement augmenter, de nombreux commentateurs ont mis en évidence la faiblesse des résultats sur la question de la qualité des soins. Le P4P représente alors, versant négatif, un pur effet d’aubaine pour les médecins, ou, versant positif, la reconnaissance de bonnes pratiques déjà-là. Quoiqu’il en soit le P4P coûtait en 2006-2007 au National Health Service Anglais plus d’1 milliard de livres sterling par an pour un budget global de 7.7 milliards de livres sterling pour les cabinets de généralistes. En ce sens, le coût apparaît prohibitif au regard des faibles effets produits sur la qualité des soins. » 

« Mais, si l’efficacité du dispositif laisse à désirer, il peut même s’avérer dangereux ! En effet, les expériences internationales mettent en évidence une série d’effets pervers remettant en cause à la fois la qualité des soins et l’accès aux soins » 

 « En transformant les médecins en véritables « chasseurs de primes », la puissance publique contribue à fragiliser les valeurs professionnelles de la médecine »  (Tiré Nicolas Da Silva sur le site http://alternatives-economiques.fr/blogs/sante/2013/03/28/le-paiement-a-la-performance-en-medecine-liberale-le-medecin-comme-le-trader/).

A travers la volonté de mise en place du TPG et le ROSP, on est bien loin du respect pleinement garanti de l’article L.162-2 du code de la Sécurité Sociale, tout indique au contraire une liberté conditionnée et conditionnelle…

Au sujet du secret médical comment oser parler de strict respect de ce dernier à l’heure où un voisin, non soignant, travaillant dans un organisme traitant les données anonymisées et non anonymisées accédera à tout parcours de santé ??  Comment  parler de filtres dont on ignore à l’heure actuelle leur fonctionnement et sachant la vulnérabilité des données informatisées de nos jours dans le monde entier ??

Comment oser prétendre que cette loi s’inscrit dans le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de santé à l’heure où nous recevons des courriers de « recrutement » des organismes complémentaires pour la création de leurs réseaux, qui ont déjà anticipé notre mort .

 

 

Maint

lettre art brice

Nous ne sommes pas à vendre et serons encore moins des médecins à la solde des mutuelles.

Nous avons plus qu’assez enduré les mensonges quant aux objectifs cachés de cette loi et de ses architectes. Voici encore d’autres preuves… Voici ce que disait Mme LEMORTON en 2007 sur le journal de La Dépêche quant aux franchises.

C. Lemorton : « Les franchises, une injustice majeure »

Publié le 06/11/2007 à 11:07 

Santé. La députée PS de Toulouse contre les franchises médicales.

À quelques jours de son examen par le Sénat, la question des franchises médicales préoccupe toujours les parlementaires. Pour en savoir plus, nous avons interrogé Catherine Lemorton, députée de Toulouse, en sa triple qualité de membre de la commission des affaires sociales à l’Assemblée, responsable du budget de la Sécu pour le groupe PS, et rapporteur de la mission sur les médicaments.

Pourquoi s’opposer à ces franchises ?

Parce que d’une part elles ne résolvent en rien le déficit de la Sécu (7 milliards cette année uniquement pour la branche maladie). Et surtout parce qu’elles constituent une injustice majeure.

En quoi ?

Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes, elles pénalisent les seuls patients et qui plus est en les culpabilisant. En leur faisant penser que ce sont eux les responsables.

N’est-il pas nécessaire de responsabiliser ?

Employer un tel mot devant des accidentés du travail ou des victimes de maladies professionnelles, c’est tout simplement indécent.

Il faut pourtant lutter contre l’hyperconsommation…

Si l’on consomme trop, c’est qu’il y a un prescripteur qui prescrit trop. Or, on fait supporter ce dysfonctionnement du système sur le seul assuré.

Au fond, que redoutez-vous de cette mesure ?

C’est un article purement idéologique. Il alourdit les franchises déjà mises en place par Douste-Blazy et l’on voit bien qu’elles visent à privatiser peu à peu le système de soins.

Recueilli par Jean-Jacques Rouch

Ces franchises que vous Parti Socialiste vous apprêtez  aujourd’hui à prélever directement sur le compte des patients ! Ces franchises contre lesquelles vous étiez il y a peu ; rappelons-nous, outre Mme Lemorton en 2009 qui agitait encore ses pétitions contre celles-ci en pleine assemblée Nationale au temps de Mme Bachelot Narquin (http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-1040QG.htm )   Mme Marisol Touraine qui affirmait de son côté à Mr Bruno Pascal Chevalier qu’ « il n’y a jamais eu d’ambigüité au Parti Socialiste quant au principe-même du rejet des franchises, nous avons dit très clairement que nous étions opposés à tout mécanisme de franchise » https://www.youtube.com/watch?v=dGA-76SwtHQ

Quant aux aides ou incitations à l’installation, voici ce qu’écrivait l’IRDES en 2007. « Les mesures nationales adoptées en France portent principalement sur les médecins et correspondent aux deux types de politiques les plus mises en œuvre à l’étranger : saturation de l’offre par l’augmentation globale du nombre de médecins d’une part, et développement de stratégies incitatives exclusivement financières portant sur la formation initiale, l’installation ou le maintien des professionnels d’autre part. Cependant, l’analyse de la littérature montre que ces mesures semblent n’avoir qu’une influence modérée sur la réduction des inégalités territoriales à court terme et très faible à long terme (Questions de santé mai 2007, Améliorer la répartition géographique des médecins : les mesures adoptées en France) ». Toujours plus d’argent public dépensé sans efficacité à la clé. 

D’ailleurs, en 2012, le CNOM rapporte que 9,5 % des médecins dits « entrants »  ont choisi d’exercer la médecine en libéral, alors que 69 % ont choisi le salariat. Ces chiffres contrastent avec les résultats des années 1980, quand un médecin sur deux choisissait l’exercice libéral dès son entrée dans le métier. 

Le rapport Juilhard en 2007 écrit même que « l’hôpital public est devenu le premier employeur de généralistes ». Seulement, les centres hospitaliers sont encore plus inégalement répartis sur le territoire que les médecins libéraux aggravant de ce fait les disparités territoriales.

Alors pourquoi ce désamour du libéral ? Henri Schneider dans « Pourquoi les déserts médicaux ? en 2012 » (http://www.les4verites.com/economie-4v/pourquoi-les-deserts-medicaux) résume parfaitement bien la situation : « la  tracasserie administrative dont il ne comprend ni les tenants ni les aboutissants, sous-payé, servant d’amortisseur social d’un monde en pleine transformation, prêtre, moine et esclave d’un système d’assurance maladie obligatoire à bout de souffle. On le veut gardien des derniers moutons de nos campagnes et missionnaire laïc des quartiers difficiles où l’Etat se refuse à exercer ses fonctions régaliennes ». 

Bien entendu, peut se rajouter la baisse drastique du nombre de médecins dans les années 80. Certains économistes ont pensé que la baisse des médecins (cad l’offre) allait engendrer une baisse de nombre de consultations (cad la demande)… Sauf que la maladie, elle, est imprévisible…

Madame Touraine par ailleurs n’a pris aucunement en compte les évolutions sociologiques des médecins. Et pourtant « Les médecins sont des personnes qui ont une vie sociale et familiale. Suivant les évolutions sociales de notre temps, au même titre que tout autre citoyen, ils se lient ou se marient avec des personnes qui, elles aussi, travaillent ; c’est d’autant plus vrai que ces praticiens sont des femmes. La catégorie socioprofessionnelle de leur conjoint devant être la même que la leur (on peut le supposer) et puisqu’ils ont la volonté de vivre sous le même toit, ils s’éloignent des zones rurales où l’emploi qualifié à très qualifié est rare, pour se rapprocher des zones urbaines ou péri-urbaines » (H. Schneider) …comme quiconque l’aurait fait probablement en pareille situation. On pourrait rajouter que paradoxalement certaines zones péri urbaines, comme la périphérie parisienne, se dépeuplent de médecins. Et à votre avis pourquoi ?

Irait-on exercer dans la périphérie parisienne avec les loyers qui s’y pratiquent à 23 euros bruts la consultation ? Irait-on gagner à travail égal 1 fois et demi moins qu’un confrère en zone provinciale ?? 

Le rapport Juilhard ajoute « les jeunes médecins volontaires n’ont plus les mêmes aspirations : ils étudient désormais, avant toute installation, leur future charge de travail, ainsi que les aménités locales et la 

compatibilité de l’exercice de leur profession avec celle de leur conjoint. Ces trois critères, seuls ou combinés, les dissuadent le plus souvent de s’installer dans les zones défavorisées ». 

La féminisation de la profession accélère encore un peu plus cette désertification (nul besoin d’être sexiste pour comprendre). En 2012, 42 % des médecins étaient des femmes, contre 26 % en 1986 selon le CNOM en 2012. La DREES prévoit même que les femmes seront majoritaires parmi les médecins en 2022.

Une étude de l’URML  Rhône-Alpes en 2005 montrait que les femmes médecins considèrent des critères tels que « l’éducation des enfants », la « qualité de vie » ou « la carrière du conjoint » comme les éléments les plus déterminants pour leur installation, contrairement aux hommes qui privilégient plutôt les aspects financiers. Ces aspirations différentes peuvent donc en partie expliquer les difficultés des « médecins de campagne » à trouver des remplaçants parmi des femmes médecins de plus en plus nombreuses » (Virginie Chasles dans La démographie médicale en France, le risque des déserts médicaux. L’exemple de la Montagne Ardéchoise, 2013).

Pour toutes ces raisons les « déserts médicaux » ont été amplifiés par vous, hommes politiques de tout bord.

«  […] Le pouvoir politique est largement responsable de cette situation de désert médical par aveuglement, incurie, imprévoyance, ignorance, défaut d’analyse et idéologie, on peut sincèrement émettre des doutes sur ses capacités à y mettre fin. Les mesures coercitives n’aboutiront à rien d’autre qu’à mettre la médecine française, déjà largement éventrée par la Sécurité Sociale, au pire rang des pays collectivistes » dixit de nouveau Henri Schneider.

Et après on veut que l’on soit, nous, « efficients » ! Qu’en est-il de l’efficience des politiques de santé menées depuis toutes ces années… ??

Alors oui cette loi ne fait qu’amplifier le désamour pour le libéral que de toute façon on cherche à faire crever, en rajoutant toujours plus de contraintes administratives sans amélioration de l’accès aux soins. 

Plus que jamais les médecins libéraux que nous sommes défendent leurs valeurs et leurs patients, plus que jamais vous n’êtes plus crédibles, nous savons le détournement des chiffres et des données que vous pratiquez, la désinformation, la stigmatisation à notre égard, les reportages orientés dans les médias, le mépris,  le cynisme, plus que jamais nous savons ce que vous tentez réellement d’instaurer.

Maintes fois nous avons tâché d’instiller une concertation, chaque fois vous nous avez méprisés.

Maintes fois Madame la Ministre a dit entendre les inquiétudes des professionnels que nous sommes quant à la mise en place du TPG et de ses garanties de paiement… sauf que le paiement garanti « unique » sera prévu en flux éclaté donc non unique. Nous vous rappelons, si vous l’avez oublié, que l’amendement 1731 qui visait à construire un flux unique avec l’Assurance Maladie aux commandes a été rejeté par vos soins.

  Notre inquiétude cependant émane surtout sur le fait de la dépendance exclusive au(x) financeur(s) et la fin de notre indépendance. Oui le TPG signe la fin de la médecine libérale quoique vous en disiez, et oser même prétendre le contraire est preuve d’un grand cynisme.

Mme DORMONT, que vous connaissez, a, le 19 avril sur France Culture, révélé les vrais buts de cette loi à travers son TPG. Ses propos n’ont pas été prononcés « juste comme ça ».

« C’est la mort annoncée de la médecine libérale et c’est une bonne chose parce que la médecine libérale est incompatible avec un système d’assurance maladie comme le nôtre » (39’14’’)

« L’intérêt principal est que les circuits financiers ont changé » (40’17’’)

« Le tiers payant généralisé rend les médecins dépendants du financeur » (40’38’’)

« Si l’Assurance maladie veut faire pression sur les médecins, elle a les moyens financiers de faire pression sur les médecins » (40’53’’)

« Les médecins recevront leurs rémunérations de la Sécurité sociale ou de l’organisme qui sera en charge du paiement » (41’05’’)

« Les médecins vont dépendre pour leur niveau de vie, pour leur rémunération, du financeur » (41’15’’)

En l’espace de trois minutes, Madame DORMONT économiste de la santé proche du Parti Socialiste, conseillère du Premier Ministre, membre d’un impressionnant réseau de comités et de think-tanks, annonce sans ambages que le TPG, loin d’être une simple mesure administrative de justice sociale, obéit à une volonté planifiée d’attenter à l’indépendance des médecins, de donner aux assureurs le moyen de faire pression sur eux, et d’organiser « la mort annoncée de la médecine libérale ».

Mme DORMONT anéantit ainsi tous les arguments entendus  sur notre « indépendance » prétendument préservée et complètement bafouée en cas d’application de ce TPG.

Prenez-vous conscience que nous arrivons à une subordination complète des médecins face à une autorité centralisatrice ?

Cette indépendance déjà mise à mal par le ROSP (ou P4P), grand frère du CAPI et véritable boîte de Pandore pour la médecine libérale. Ce système de carotte qui n’a pas lieu d’être où la rémunération du médecin est dépendante d’un certain nombre de critères, notamment de critères de prescriptions.

Que l’on nous cite une seule source qui démontre que l’état de la santé de la population s’est amélioré avec ce système de primes à la performance. En Angleterre, il est désormais question de retour en arrière à ce sujet alors qu’il y est installé depuis 11 ans.

« Le P4P peut être qualifié de faiblement efficace parce qu’il n’est pas prouvé qu’il améliore la qualité des soins ou bien qu’il rende les médecins concernés économes. Le cas de l’Angleterre est particulièrement frappant parce que, si depuis l’introduction à très grande échelle du P4P, en 2004, les médecins ont vu leur rémunération sensiblement augmenter, de nombreux commentateurs ont mis en évidence la faiblesse des résultats sur la question de la qualité des soins. Le P4P représente alors, versant négatif, un pur effet d’aubaine pour les médecins, ou, versant positif, la reconnaissance de bonnes pratiques déjà-là. Quoiqu’il en soit le P4P coûtait en 2006-2007 au National Health Service Anglais plus d’1 milliard de livres sterling par an pour un budget global de 7.7 milliards de livres sterling pour les cabinets de généralistes. En ce sens, le coût apparaît prohibitif au regard des faibles effets produits sur la qualité des soins. »

« Mais, si l’efficacité du dispositif laisse à désirer, il peut même s’avérer dangereux ! En effet, les expériences internationales mettent en évidence une série d’effets pervers remettant en cause à la fois la qualité des soins et l’accès aux soins »

 « En transformant les médecins en véritables « chasseurs de primes », la puissance publique contribue à fragiliser les valeurs professionnelles de la médecine »  (Tiré Nicolas Da Silva sur le site http://alternatives-economiques.fr/blogs/sante/2013/03/28/le-paiement-a-la-performance-en-medecine-liberale-le-medecin-comme-le-trader/).

A travers la volonté de mise en place du TPG et le ROSP, on est bien loin du respect pleinement garanti de l’article L.162-2 du code de la Sécurité Sociale, tout indique au contraire une liberté conditionnée et conditionnelle…

Au sujet du secret médical comment oser parler de strict respect de ce dernier à l’heure où un voisin, non soignant, travaillant dans un organisme traitant les données anonymisées et non anonymisées accédera à tout parcours de santé ??  Comment  parler de filtres dont on ignore à l’heure actuelle leur fonctionnement et sachant la vulnérabilité des données informatisées de nos jours dans le monde entier ??

Comment oser prétendre que cette loi s’inscrit dans le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de santé à l’heure où nous recevons des courriers de « recrutement » des organismes complémentaires pour la création de leurs réseaux, qui ont déjà anticipé notre mort .

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