Je regrette de ne pas avoir 10 ans de moins parce que je serais certainement encore dans mon cabinet de généraliste secteur 1 grâce à cet espoir de déconventionnement collectif porté par ADC. Je considère que, par ma naïveté confiante envers l’Assurance maladie et mon ignorance du système syndical lors de mon installation en 1986, ma carrière de MG libérale a été pourrie, dans son exercice et son évolution, par les différentes conventions avec pour commencer le blocage de l’accès au secteur 2 puis les injonctions successives de la convention qui ont suivi (injonctions que je n’ai pas appliquées d’ailleurs : refus de la ROSP et des forfaits, refus d’une télétransmission en tant que service rendu aux patients et à la caisse à mes frais, etc…) Je ne me suis pas sentie capable de basculer en secteur 3 toute seule sur mon territoire à cause d’une culpabilité envers la patientèle défavorisée que j’avais fidélisée, et pourtant j’ai créé mon CODTS (Collectif d’Organisation et de Défense d’un Territoire de Santé) avec déjà, dans les statuts d’adhésion, une vraie indépendance envers les tutelles et l’intention de se déconventionner en masse si la caisse faisait vraiment trop de mal à notre exercice. Les réunions du CODTS que j’organise régulièrement fonctionnent toujours et plusieurs (dont les plus jeunes installés, hélas très rares) ont aujourd’hui signé l’ADC. En désespoir de voir malmené notre exercice sans révolte efficace d‘un terrain trop passif le nez dans le guidon, j’avais décidé de prendre une retraite active salariée dès que j’ai en aurais eu l’âge légal même si le montant de la pension servie à 62 ans était pénalisante eu égard à l’indigne dévalorisation de notre ASV. J’ai tenu un peu plus pour ne pas laisser mes patients seuls devant la covid que j’ai affrontée dans mon cabinet en tenant un journal de la pandémie que j’ai auto-édité un peu en guise de mémoires (« Journal d’un lapin nain masqué »), et j’ai fini par fermer mon cabinet malgré le désespoir de laisser ma patientèle en déshérence sans successeur (nous étions 4 MG, dans ce cabinet, notre consœur y reste seule maintenant…)
Je dois à l’UFML d’avoir pu quand même tenir 35 ans dans mon exercice de MG secteur 1 car à force d’envoi de courriers indignés à ma caisse, je me sentais vraiment injustement persécutée par cette évolution qu’on m’imposait dans un exercice que je considérais en théorie indépendant au seul service des patients qui m’honoraient (même si chichement…). Un peu plus de dix ans maintenant se sont écoulés depuis que j’ai rencontré l’UFML à son tout début dans laquelle je me suis enfin retrouvée et sentie comprise par de brillants consœurs et confrères qui partageaient eux aussi mon rejet de cet asservissement d’une profession indépendante et loyalement engagée au service des patients. Dix ans pour changer la mentalité des collègues, c’est long mais il est vrai que les conventions léonines signées par des syndicats naïfs ou indignes, associées au mépris des caisses et aux affronts de l’Etat à nommer des ministres haineux ou suiveurs d’une politique destructrice, nous ont bien aidés à ouvrir les yeux. Il a fallu 10 ans et encore, certains hésitent à s’affranchir de ces contraintes inéquitables et dévalorisantes de la convention ! Alors signez votre promesse d’ADC sur déconventionnement.fr, c’est peut-être notre seule chance de retrouver, pour nous médecins comme pour nos patients, un exercice digne et efficient, de prouver à ces politiciens qui nous déshonorent que nous sommes restés médecins au service des patients et non des assureurs ! Jeunes ou futurs installés en libéral, médecins expérimentés plus proches de la retraite, salariés qui envisagez un jour le libéral, signez ! Exercer notre mission sous le mépris, l’asservissement et en low-cost, non, exercer avec plaisir, sérénité et honneur, oui !
