Fraude sociale, fainéantise des patients, complaisance des médecins : le grand écran de fumée d’un système sanitaire à bout de souffle. Communiqué de Presse du 17 août 2025

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Alors que le gouvernement agite une nouvelle fois le spectre de la fraude sociale, désignant médecins et patients comme coupables idéaux, il est urgent de rappeler une réalité bien plus profonde, bien plus inquiétante : l’effondrement de notre système de santé est le fruit d’une succession de choix politiques. Ce naufrage n’a rien d’un accident.

Une stratégie de diversion bien rodée

Accuser les soignants de « complaisance » et les patients de « fainéantise » permet de détourner l’attention. Pendant ce temps, la réalité est dissimulée : celle d’un système sanitaire au bord de la rupture, miné par des décennies de réformes incohérentes et de décisions technocratiques déconnectées du terrain.

Médecine libérale et hôpital public : deux piliers brisés

La médecine libérale a été méthodiquement déstabilisée, asphyxiée par des normes administratives issues du modèle hospitalier, sans lien avec ses réalités. L’hôpital public, quant à lui, a été sacrifié sur l’autel de la rentabilité : fermetures de lits, suppressions de postes soignants, explosion du nombre d’administratifs. Les deux piliers de notre système sont aujourd’hui au sol.

Des politiques qui creusent des déserts

En trente ans, les gouvernements successifs ont transformé un système de soins équilibré en une carte jalonnée de déserts médicaux. La biologie médicale a été concentrée, éloignant les laboratoires, rallongeant les délais, tout cela au nom de la « qualité certifiée ». Le bricolage institutionnel a remplacé la politique de santé : acronymes vides, dispositifs coûteux, mais inefficaces, slogans sans fond.

Un discours qui retourne la faute

Un comble : les responsables de ce désastre ne reconnaissent pas leurs échecs et reprennent la maxime du Président de la République qui disait : « Je ne dirais pas que c’est un échec : ça n’a pas marché ». Ils transforment les conséquences de leurs politiques en causes, en accusant soignants et patients d’en être à l’origine. Une inversion totale du réel.

La santé, sans cap, sans vision, sans pilote

Le court-termisme est devenu doctrine : un échec – une action, donc un échec, donc une action, donc un échec. La santé est désormais un navire à la dérive, maintenu à flot par les seuls soignants, au prix de leur épuisement, pendant que des responsables politiques qui n’ont jamais navigué prétendent encore en tenir le gouvernail.

L’IA arrive et nous regardons ailleurs…

Alors même que l’intelligence artificielle s’apprête à bouleverser la médecine et nos sociétés dans leur ensemble, aucune priorisation, aucune stratégie d’anticipation, d’adaptation, ni même de réflexion globale n’est visible. Cette révolution mérite une analyse urgente de ses impacts économiques, sociaux, éthiques et sanitaires — où elle nous emportera… Rien n’est fait.

Le vrai scandale : les arrêts de travail ?

La seule priorité affichée par le gouvernement est renforcée par l’agitation de chiffres manipulatoires et mensongers qui désignent comme coupables patients et soignants : « contre les arrêts maladie abusifs ». Cette violence verbale masque une réalité : la vacance d’une véritable politique sanitaire.

Le chiffre de 50 % avancé par le gouvernement ne correspond ni à la totalité des arrêts maladie ni à ceux de longue durée. Il est issu d’un petit échantillon d’arrêts de travail de plus de 18 mois (18 585 arrêts de plus de 18 mois ciblés, dont seuls 12 % ont amené le médecin-conseil à décider la reprise du travail pour aptitude).

Ce chiffre est donc non représentatif de l’ensemble des 9 millions d’arrêts maladie prescrits chaque année.

Il n’apparaît dans aucun rapport officiel de l’Assurance maladie. Pourtant, il est repris publiquement par plusieurs ministres comme fondement d’une politique de lutte contre les « abus ».

Alerter, dire, ne plus se taire

Ce communiqué n’est pas un appel au fatalisme. C’est un cri d’alerte. Un appel à ouvrir les yeux, à cesser de désigner des boucs émissaires pour mieux masquer l’absence de politique. Les professionnels de santé ne demandent ni compassion, ni privilèges : ils réclament de la cohérence, du respect, et une vision à moyen et long terme. Et que cesse enfin la théâtralisation du mensonge !

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