La maltraitance des pouvoirs publics à l’égard des médecins – Dr Isabelle Luck

PompidouLa maltraitance des pouvoirs publics à l’égard des médecins est, avec le dernier PFLSS, parvenue à un stade tel qu’ils ne peuvent que se révolter, sinon disparaitre (ce que font déjà trop de soignants qui arrêtent leur exercice, se reconvertissent, ou hélas se suicident…) Les posts sur les réseaux sociaux montrent leur désespoir.

D’une part, la pénurie de soignants a rendu la mission épuisante et aggravée avec la covid, d’autre part, l’investissement consenti pour faire face à la demande des patients est dévalorisé, sans respect en retour, frisant même l’exploitation. Ce qu’un petit nombre de médecins avait perçu il y a 10 ans en créant l’UFML se généralise partout car ce n’est plus tenable. Il y a 10 ans, Jérôme Marty et les fondateurs de l’UFML étaient visionnaires mais c’était trop tôt pour la révolution, les médecins ne prenaient pas forcément conscience des décisions qui commençaient à entraver leur indépendance et leurs honoraires ou ils les subissaient en se taisant, y trouvant encore un intérêt envers leur fidèle patientèle, par habitude ou par dévouement.

Aujourd’hui, la conscience de leur souffrance au travail est bien là, les jeunes ne veulent pas de cet exercice dénaturé, dans lequel l’humanité s’effiloche, la clinique disparaît, l’abattage devient source de stress par fatigue et peur de l’erreur. Ils ne veulent plus qu’on sacrifie la qualité de soins que donnent leurs nombreuses années d’études en dépeçant autoritairement leur exercice en faveur de paramédicaux, qu’on renie la plus-value de leur travail en dévalorisant leurs actes, ils ne veulent plus sacrifier non plus leur vie personnelle du fait que l’exercice de la médecine s’est banalisé et dévalorisé, ce n’est plus le plus beau métier du monde qui fait rêver les jeunes, ceux qui exercent déjà voient bien que, malgré leur surcroît de travail, leurs revenus baissent et sont surtaxés.

La plupart sont à bout et n’ont plus d’autre choix que faire monter la pression sur les instances pour obtenir enfin ce que mérite l’exercice d’un médecin, d’un point de vue financier comme humain.

Les dirigeants sont des non-partenaires qui imposent sans humilité ni écoute leurs solutions malgré leur vision erronée de la réalité du terrain. Leurs solutions au mal qu’ils ont pourtant créé eux-mêmes depuis trente ans sont inefficaces et hors-sol, ils considèrent les médecins comme des offreurs de soins au coût inutile ou trop dispendieux dans une société où les patients sont devenus consommateurs sans devoirs de soins banalisés et exigés parce qu’ils y ont droit et que l’État leur fournit des médecins gratuits ou presque.

Alors, oui il est temps de se révolter pour redonner valeur, respect et dignité à notre mission. L’UFML est là, à vos côtés depuis 10 ans, pour défendre notre mission et sa nécessaire indépendance, il est temps de redonner à la médecine française la qualité que nous, acteurs de terrain revendiquons, et qui était reconnue universellement il y a quelques années. Le mouvement  »Medecins pour demain », est né il a 3 mois de la colère et du désespoir de jeunes généralistes et rassemble plus de 13 000 médecins aujourd’hui et certainement davantage de médecins plus attentistes. Il représente une prise de conscience collective qui était en gestation depuis longtemps avec des tentatives de révolte qui ont fait pschitt (« Les médecins ne sont pas des pigeons », les manifestations contre la loi Touraine…) C’est un peu comme un volcan qui, après des alertes sans gravité, rentre enfin en réelle éruption, probablement suite aux mesures du nouveau PFLSS dont la 4 ème année d’études imposée aux internes, avec la passivité des syndicats historiques et leur complicité intrinsèque liée à leur mode de financement (refusé par l’UFML).

Le volcan ne sera peut-être maîtrisé qu’avec l’accord sur un acte de base à 50€ qui est une des revendications de base de l’UFML Syndicat qui accompagne ce mouvement MPD depuis le début et a imposé sa présence aux négociations conventionnelles avec la CNAM. Comme aurait prédit Pompidou, si une révolution survient, elle viendra des médecins.

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