Prends nous pour des c…

Jerome MartyJe sais : le titre est grossier, mais il n’est pas vulgaire, la vulgarité se trouve dans les propos d’Etienne Caniard.

La vulgarité, c’est le cynisme avec lequel ce protégé de la République s’exprime.

La vulgarité, c’est de se présenter comme parangon de la lutte pour l’accès aux soins, et de tout faire pour laisser la situation économique en l’état, c’est de profiter de la crise économique, et de construire une économie sur la pauvreté.

Parce que c’est de cela qu’il s’agit, c’est cela le TPG ! C’est précisément parce que le modèle économique défendu par E. Caniard et ceux qui le protègent a créé 6 millions de chômeurs, de la précarité et des fins de mois difficiles, qu’il créent le TPG. La situation économique restera la même, mais l’organisme Mutualité Française, lui, percevra gain économique et pouvoir…

Tout dans son argumentaire relève d’un mécanisme pervers : projeter en miroir la réalité.

« Les dépassements doivent pouvoir se faire sous contrepartie » nous dit-il, omettant de préciser que si il y a dépassement c’est parce que la valeur de l’acte n’est plus en rapport avec la réalité des pratiques, et par immobilisation forcée due au dieu ONDAM.

Le dépassement est une régulation liée à un non-sens économique : lier la perception des honoraires (de déshonoraires devrait-on écrire au regard de leur valeur) à l’état économique de la Nation et donc de l’assurance maladie, et il faudrait que les médecins, rendus responsables et comptables de cet état de fait, donnent des contre-parties contre dépassements d’honoraires ?

« Le Tiers Payant Généralisé est une sécurité financière » : Affirmation qui tient de l’incantation !

Alors même que toutes les entreprises sous TPG voient 15 à 25 % de leurs ressources bloquées par le TPG du fait de retards ou refus de remboursements sur erreurs de dossiers, facteurs humains, incompétences des services de gestion des complémentaires et j’en passe (chiffre vérifiable auprès des pharmacies, établissements de soins, IDE …)

« Le TPG est une simplification administrative », incantation là encore.

« Le Contrat d’accès aux soins est un succès ».

Faux, celui-ci n’a pas été signé par son coeur de cible, les chirurgiens, mais bien par des médecins qui avaient été écartés du secteur 2 alors qu’ils y étaient éligibles, (secteur 1 pour 35 % des signataires). « La mutualité avait proposé 150 millions pour les honoraires au sein du CAS  » exact , mais la mutualité a tout fait pour ne pas respecter sa proposition ; 23% des 75% des signataires du CAS ayant respecté les contraintes du contrat n’ont pas pu bénéficier des allègements de charges attendus.

« La différenciation de remboursement est demandée par les médecins ».

Non , demandée par la CSMF, la différenciation de remboursements, ce sont les réseaux de soins et les médecins n’en veulent pas, pas de prime à l’engagement contractuel avec les mutuelles, pas de prime à la mise sous assujettissement à des organismes financiers. Les patients étant doublement pénalisés par des tarifs non revalorisés donc moins remboursés hors du CAS, et par le déremboursement de leurs complémentaires hors CAS. Pourtant le CAS est bien un contrat signé entre le praticien et l’Assurance Maladie, pas entre le praticien et les multiples complémentaires ?

« Il n’a jamais été question de faire des réseaux de soins avec les médecins »

Faux , c’est au contraire une demande récurrente maintes fois exprimée par E Caniard. Les réseaux de soins en médecine ont d’ailleurs débuté déjà à travers le CAS, plus grand réseau de France organisé par la CNAM. Il suffit également de voir les accords signés avec nombre d’établissements de soins qui implantent les réseaux de soins en médecine, en orthopédie et plus. Le mécanisme est le même que celui précédant la loi Leroux où des mutuelles enfreignaient la loi par la pratique de remboursements différenciés, la loi avait alors eu pour mission de rendre légale des pratiques illégales .

« Arrêtons de penser que les complémentaires peuvent imposer des contraintes aux médecins ».

C’est pourtant tout le but des réseaux de soins, les médecins ne font que constater les pratiques d’un système politico-financier qui vise à faire d’eux un outil de rapport au service d’autres intérêts que le soin (cf réseaux optique, prothèses dentaires).

« La valeur de l’acte ne signifie pas revenu figé car il peut y avoir augmentation de l’activité »

Jusqu’où Etienne ? Jusqu’où ? La médecine n’est pas une chaîne de production où il suffit d’augmenter les cadences pour améliorer le « rendement ». Les médecins déplaquent, s’arrêtent, les jeunes ne s’installent plus au sortir des facultés, c’est aussi votre bilan, ceux qui restent voient effectivement leur activité augmenter jusqu’au risque… L’argument utilisé dit « argument santé clair » est celui mis en avant pour vanter l’intérêt des réseaux de soins : « contractualisez avec nous, nous vous assurerons une augmentation de votre activité » au mépris de la qualité de l’acte, et au mépris de la qualité des produits et matériels utilisés , choisis par le réseau (cf optique ou dentaire) pour améliorer la performance économique, ce n’est pas la conception du soin des médecins .

« La mutualité à vu son taux d’imposition passer de 2,5 % à 13,27 % de 2008 à 2012 »

On pleurerait presque alors que le chiffre d’affaire des complémentaires est passé de 15 milliard à 40 milliards en 15 ans, et que leurs cotisations n’ont jamais connu de baisse mais une augmentation constante supérieure à l’inflation.

« Les médecins considèrent que les mutuelles sont riches mais cet argent n’est pas le leur ».

C’est exact, c’est précisément celui des cotisants et à peine 40 à 50 % de celui-ci revient au soin, alors que les cotisations augmentent sans fin.

Suit un souhait de prise en charge par les mutuelles du financement du petit risque ce qui, soit dit en passant, participera au désengagement de l’assurance maladie et à l’augmentation de la part des mutuelles et donc à terme à l’entrée de la médecine dans les réseaux de soins (dès que le remboursement complémentaire sera majoritaire).

 « Les complémentaires doivent avoir un rôle dans la régulation »

Cette demande est étayée par Etienne Caniard avec pour exemple les contrats de réseaux optiques où la qualité et la traçabilité des verres seraient surveillées par le financeur, affirmation battue en brèche par les opticiens de plus en plus nombreux à quitter les réseaux de soins précisément du fait des matériels à bas coût imposés….

Une médecine sous gouvernance financière, à bas coût, pour de meilleures performances économiques (dont les indicateurs imposés mais contestables ne sont parfois même pas économiques), aux acteurs obéissants et encadrés, voila le modèle défendu par Etienne Caniard. Son successeur ex MGEN ne saurait avoir un discours différent…..

Nous sommes prévenus, la Mutualité Française veut plus que jamais poser la main sur le système. L’UFML appelle à « Novembre vivant », mobilisation de tous les professionnels de santé pour imposer la problématique sanitaire au sein de la campagne électorale et forcer les hommes politiques à contractualiser avec les professionnels de santé (acteurs de soins).

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