Système sanitaire : face à l’urgence à agir, un an de perdu…

Premier anniversaire de la nomination d’Agnès Buzyn .

 

Nous voilà au terme de la première année d’Agnès Buzyn au ministère de la Santé .

 

Que doit on retenir ?

▪️La prévention, marque de la nouvelle gouvernance, et le lancement de d’une obligation vaccinale infantile justifiée par la nécessité d’un retour de la confiance qui serait favorisée par l’obligation…

▪️La mise en application de la loi de modernisation de la santé de Marisol Touraine

▪️La poursuite d’un Tiers Payant annoncé généralisable… généralisé .

▪️Le report de l’article 99 prolongement direct de l’article 1 de la loi de modernisation de la santé (l’état est responsable de la politique de santé) qui permettait à l’assurance maladie de baisser autoritairement les tarifs de la radiologie, au terme de deux ans de « pertinence » des actes de la part des radiologues, et l’application du concept du téléthon à la radiologie.

Poursuivre une politique dénoncée par l’immense majorité des professionnels de santé est la marque d’une absence de grande politique sanitaire.

▪️Les Maisons Médicales Pluridisciplinaires se développent à coup de subventions : 1200 Maisons et Pôles , pour environ 2000 médecins (1%) des médecins en exercice, leur doublement est promis (2% des médecins) comme « solution » à l’extension globale des besoins …
Développer quelques murs, privilégier l’apparence au résultat est la marque d’une absence de grande politique sanitaire

▪️La télé-médecine, la télé-consultation , la télé-expertise, vont pouvoir être utilisées par les médecins au sein d’un véritable carcan tarifaire alors que les Agences Régionales de Santé, relais de l’état, avalisent jour après jour l’installation de plateformes commerciales qui concrétisent l’entrée du marché dans le système de soin, se rient du code de déontologie et des valeurs de la médecine et débutent son ubérisation .
Ne pas privilégier les professionnels de santé et favoriser le marché est la marque d’une absence de grande politique sanitaire.

▪️Le paiement à l’acte est désigné coupable de tous les maux, il serait responsable d’une course au volume, à l’opposé de la qualité, incompatible avec la prise en charge des maladies chroniques. Ainsi dans une de ses dernières interventions Nicolas Revel Directeur de l’Assurance Maladie déclarait lors du colloque ICHOM : « La France a trop tardé à passer de la productivité (paiement à l’acte, course au volume) au financement à la qualité : quasiment rien à l’hôpital,1 % en médecine de ville » .
(Les responsables des stagnations tarifaires et de leur dissociation avec la courbe du coût de la vie, dénoncent avec cynisme les conséquences de leurs actes.)

▪️La forfaitisation et les nouveaux modes de rémunération hors paiement à l’acte sont annoncés en augmentation constante, pour améliorer « la pertinence » « la qualité des soins » « la prise en charge des maladies chroniques ». Dans la réalité la ROSP accuse une baisse sans précédent, variable d’ajustement du directeur de l’Assurance Maladie; les indicateurs ne sont en rien liés à la qualité des soins ou à leur pertinence et peuvent générer une inégalité d’accès au soin par l’exclusion des patients qui ne rentrent pas dans les critères définis. Le paiement à l’épisode de soin, nouveau Totem du ministère et de l’Assurance Maladie positionne le médecin et les soignants libéraux en bout de chaîne tarifaire sans garantie de rémunération, et ce système menace directement les patients à risque de complications chirurgicales (dans ce système la complication n’est pas prise en charge dans le forfait). Vous avez dit qualité ?
Donner l’apparence d’une priorisation de la qualité et de la pertinence des soins pour masquer la poursuite du pilotage du système sous les seuls critères économiques , c’est la marque d’une absence de grande politique sanitaire

▪️La certification est annoncée et portée par le ministère comme chantier indispensable, alors que les médecins peinent à exercer sous des tarifs déconnectés de la réalité des pratiques, sous une demande en soin toujours plus importante du fait du vieillissement de la population, de la précarité source d’inégalité sociale en santé et de l’effondrement du tissu sanitaire.
Certifier l’épuisement du système alors qu’il faudrait relancer le système est la marque d’une absence de grande politique sanitaire .

▪️Les Infirmières de Pratiques Avancées sont présentées comme une avancée majeure, pendant que les IDE libérales croulent sous les demandes de soin aux tarifs indignes d’un pays développé, que les médecins ne s’installent que très tardivement devant les difficultés de l’exercice et le risque économique au regard d’un avenir incertain et que leurs ainés déplaquent ou s’épuisent à maintenir à flot une médecine torpillée par sa gouvernance .
Créer une pincée de nouvelles professions du soin sans relancer l’attractivité de la médecine de ville et des soins libéraux est la marque d’une absence de grande politique sanitaire

▪️Des médecins comme d’autres soignants sont chaque jour victimes de violences et d’incivilités, menacés dans leur exercice, aux urgences, en régulation, dans les services de soin, au cabinet de consultation et lors des visites à domicile par des individus à qui l’on a désigné la santé comme un bien de consommation comme un autre ,mais plus qu’un autre puisque défini comme un droit et qui, à longueur de temps entendent des responsables politiques ou institutionnels , des personnalités médiatiques parler de médecins nantis, de brutes en blanc, d’actes inutiles de « dépassements d’honoraires « , et de médecins fraudeurs …
Répondre à cette urgence à agir par des caméras ou des système d’alerte, sans changer de discours, sans s’attaquer à l’architecture même du système par la relance de la médecine de ville et de la médecine hospitalière est la marque d’une absence de grande politique sanitaire.

 

 Face à un système sanitaire fragilisé et au bord de l’implosion, la France relève d’une grande politique sanitaire , Il reste à ouvrir la gouvernance aux soignants et aux patients en une vrai démocratie sanitaire, il reste à relancer l’attractivité des professions du soin il reste à relancer la confiance. Tout reste à faire, un an vient d’être perdu.

Dr Jérôme Marty, président UFML-S

 

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