
Je ferme, je n’ai pas d’autre solution. Parce que face à moi se dressent des responsables politiques élus de la nation (souvenez-vous-en) qui, en conscience, détruisent la médecine de France.
Je ferme parce que la représentation nationale attente à mon indépendance professionnelle et à ma liberté de prescription, pourtant inscrites dans la loi*.
Je ferme parce qu’une décision a été prise de me considérer moins qu’un délinquant et de me pénaliser de plusieurs milliers d’euros pour non-consultation ou non-renseignement du Dossier Médical Partagé, outil violable et non fiable.
Je ferme parce que le secret médical, pilier de mon exercice, socle de mon serment, n’est plus garanti.
Je ferme parce que les organismes d’assurances complémentaires ont désormais accès aux données de facturation sanitaire et qu’aucune garantie ne m’est donnée que leur demande d’accéder demain aux données de santé ne leur soit pas accordée.
Je ferme parce que vient d’être voté le pouvoir discrétionnaire du directeur de l’assurance maladie de moduler la valeur de mes actes en fonction de l’intérêt économique du moment, au mépris de la pérennité de mon exercice.
Je ferme parce que je refuse que la santé soit gouvernée par le seul intérêt économique.
Je ferme parce que les prescriptions des médecins non conventionnés seront demain déremboursées alors qu’ils prennent en soin des centaines de milliers de patients, tous cotisants à l’assurance maladie.
Je ferme parce que les parlementaires viennent de décider qu’un patient français puisse être remboursé de la prescription d’un médecin allemand, autrichien, bulgare, danois, polonais ou roumain, etc. (tous de fait non conventionnés), mais pas remboursé de la prescription d’un médecin français !
Je ferme parce que le Parlement vient de valider le déremboursement des actes réalisés par un médecin conventionné si ceux-là sont prescrits par un médecin non conventionné.
Je ferme parce que je refuse que l’on m’enferme dans une convention qui ne m’offre que l’obéissance ou la disparition.
Je ferme parce que les futurs médecins, l’avenir de la médecine de France, sont méprisés, « outilisés », chosifiés, au sein d’une 4e année sabotée par la haine de la médecine libérale de la représentation nationale et de certains responsables de l’hôpital.
Je ferme parce que des responsables élus nationaux ont parlé d’utiliser les jeunes confrères pour « irriguer » des territoires sans médecin après des années de politiques sanitaires que les mêmes ont défendues et votées.
Je ferme parce que je refuse d’être responsable et coupable des déserts qu’ils ont créés et, de fait, obligé d’y exercer.
Je ferme parce que désormais, mon exercice peut être ciblé par l’assurance maladie sous ses algorithmes opaques et que je peux être interdit de prescrire des arrêts de travail au-delà d’une proportion imposée.
Je ferme parce qu’une ministre, un gouvernement, des députés et des sénateurs ont ainsi décidé de priver des patients de l’accès à un traitement indispensable à leur guérison.
Je ferme parce que je refuse que des non-soignants prennent la main sur mon exercice de médecin et décident de ma pratique et de mes actes.
Je ferme parce que la représentation nationale a décidé de diminuer toujours plus la part d’exercice en honoraires complémentaires, de tuer ainsi nombre de cabinets de spécialistes et d’aggraver les difficultés d’accès aux soins des patients.
Je ferme parce que je ne peux accepter de me voir privé d’accéder demain à un autre secteur d’activité.
Je ferme parce que je refuse d’être enfermé au sein d’un secteur suradministré, surencadré, surpénalisé et sous-rémunéré.
Je ferme parce que cette loi de finances va accentuer les déserts médicaux ; je ferme parce que je ne peux cautionner cette casse du système sanitaire.
Je ferme parce que je ne peux accepter que l’on fasse de moi un mauvais médecin, un mauvais soignant, un médecin maltraitant.
Je ferme parce que je suis médecin, d’abord médecin, et que cela me rend responsable des soins et de la médecine que je pratique.
Je ferme du 5 au 15 janvier.
Pour vous toutes et tous.
Je manifesterai à Paris le 10 janvier et accompagnerai à Bruxelles les médecins qui, symboliquement, quitteront un pays dont le gouvernement et une part de la représentation nationale sabotent le bien commun : la médecine de France.
Dr Jérôme Marty
* L. 162-2 du Code de la sécurité sociale :
« Dans l’intérêt des assurés sociaux et de la santé publique, le respect de la liberté d’exercice et de l’indépendance professionnelle et morale des médecins est assuré conformément aux principes déontologiques fondamentaux que sont le libre choix du médecin par le malade, la liberté de prescription du médecin, le secret professionnel, le paiement direct des honoraires par le malade, la liberté d’installation du médecin. »












