L’action déconventionnement collectif vise à forcer la reconstruction du système, pas à construire un système inégalitaire.

Reconstruire le système

Cher tous,

L’action que nous menons ne vise pas à mettre en place un système inégalitaire, elle vise à forcer la reconstruction du système.

Le système est par essence inégalitaire :
l’accès à des soins de qualité n’a jamais été aussi difficile et donc il est inégalitaire.
Le gouvernement augmente les franchises sur les médicaments : c’est inégalitaire.
Il diminue le remboursement des actes dentaires : c’est inégalitaire.
Il favorise les plateformes commerciales de téléconsultations : c’est inégalitaire.
Il favorise la financiarisation, les centres de santé Ramsay et les offres de médecine par abonnement à 11€60 par la même structure, c’est inégalitaire.
Il livre à la découpe la profession médicale, et donne des pans entiers de celle-ci à d’autres professions non formées ou mal formées à la complexité de l’art médical, c’est inégalitaire.
Il instaure l’OPTAM et la différenciation des remboursements des patients selon le secteur d’exercice, secteur 1 et secteur 2 OPTAM d’un côté, secteur 2 non OPTAM moins remboursé par la sécurité sociale de l’autre, c’est inégalitaire.
Le tarif de remboursement des soins des praticiens en secteur 3 appelé tarif d’autorité est également inégalitaire.

Il se lance dans une véritable chasse aux médecins libéraux et cible 15000 d’entre eux avec la volonté d’en pénaliser 1000 pour les mettre sous MSO avec l’espoir de provoquer un autocontrole de tous et une diminution drastique des prescriptions d’arrêts de travail, ce sera inégalitaire.
Il met en place une culpabilisation des médecins face aux désastres qu’il a, comme les gouvernements précédents, créés ( l’article 1 de la loi Valletoux consacre cette responsabilité).
Il renforce le pouvoir des ARS sur les CTS, et des CTS sur les médecins.
Il fait de l’assurance maladie son bras armé afin d’exécuter ses basses besognes : les dépenses augmentent , il faut contrôler les médecins par milliers.
Il force l’entrée de tous dans des CPTS qui dès lors deviennent le terrain de jeux des ARS, des CTS, des GHT, il met en place toutes les conditions pour augmenter la part des forfaits et liquider le paiement à l’acte.
Il consacre la nécessité de poser un préavis de 6 mois à l’ARS pour quitter un territoire d’exercice, c’est inégalitaire pour une profession libérale.
Il rend la PDSES obligatoire de fait pour les libéraux avec une effection de la garde à l’hôpital public pour les praticiens libéraux exerçant en établissement.
Il met en place à marche forcée un SAS qui renforce le pouvoir de l’hôpital sur la ville, et dénie le droit au libéraux de bénéficier des mêmes cotations pour leurs propres soins non programmés déjà en place, c’est inégalitaire.
Il rend le secteur 2 inaccessible aux médecins libéraux généralistes et aux médecins libéraux spécialistes secteur 1 et 3, c’est inégalitaire.
Il provoque l’abandonisme chez les étudiants en médecine, les retards à l’installation chez les jeunes médecins, il crée toutes les conditions pour que les déplaquages augmentent.
Et tout cela crée des inégalités.

Face à cela les mutuelles et assurances privées, étendent leur présence, et, sans jamais se poser la moindre question , augmentent leurs cotisations de 6% chaque année, remboursant toujours moins les soins et exhortant les patients à prendre des surcomplémentaires, c’est inégalitaire.
Ajoutez à cela , une forte proportion de politiques qui veulent mettre en place le conventionnement sélectif ou l’obligation d’installation, ou encore le retour des dispensaires par l’obligation du salariat et vous avez les conditions d’une augmentation des départs de médecins français vers l’étranger et donc la construction d’inégalités.
4 500 consoeurs et confrères sont déjà partis de France, 15 000 médecins quittent leur exercice, seuls 14% des jeunes médecins formés s’installent en libéral, et celles et ceux qui restent s’épuisent entre contraintes administratives, maltraitance institutionnelle, irascibilités de patients en déshérence et impression de colmater sans fin la coque du Titanic.

Consoeurs, confrères, rien ne va s’arranger, et les attaques sur la médecine libérales vont se poursuivre.
Ceux qui ont détruit l’hôpital public jettent leur dévolu sur la médecine de ville, sur votre exercice, et les mêmes maux produiront les mêmes effets… En pire, parce que notre secteur est déjà fragilisé des réformes antérieures et ne bénéficie pas comme l’hôpital public de subventions pour masquer son état moribond, ou de subventions non pérennes accordées selon des cahiers des charges irréalisables.

Consoeurs, confrères, prenez quelques instants pour vous poser, et regarder vos exercices. Pour les plus anciens d’entre vous : celui-ci s’est-il amélioré? Celui ci va-t’il s’améliorer?
Pour les plus jeunes : celui-ci correspond-il à ce que vous imaginiez? Avez- vous envie de continuer ainsi?

Je vous le dis ici, il faudra une action plus grande qu’une action tarifaire pour renverser tout ce qui nous menace, nous épuise et parfois nous tue…

Il faut participer aux actions qui visent à multiplier les DE et HN pour maintenir à flot nos cabinets , et, je vous le dis, le 30€ sera probablement obtenu en août ou septembre. Ce sera justice mais , insuffisant. Cela ne réglera aucun des points précédents et vous pouvez être sûrs d’une chose, la campagne médiatique qui en découlera ouvrira grand les portes d’une augmentation des contraintes et de l’encadrement des pratiques. « Après tout, n’a-t’on pas donné à ces médecins la plus forte augmentation de l’histoire en passant de 25 à 30€ soit 20%? »

Consoeurs, confrères, nous devons aller plus loin, nous devons changer les choses, et nous devons imposer ce changement, pour nous, pour les plus jeunes, pour celles et ceux qui viendront après nous.
Nous devons redonner de l’espoir, nous devons permettre la mise en place d’une médecine libérale forte où les médecins retrouvent le plaisir d’exercer et ne s’épuisent plus à soigner.
Nous devons reprendre la main et influer sur les orientations du soin.

Cela, seule l’action déconventionnement collectif peut le permettre.
Cette action mûrement réfléchie depuis des mois a deux buts :

  • un lobbying avoué vis à vis des responsables politiques et administratifs, construit par le nombre d’intentions de déconventionnement afin de les amener à construire une vraie négociation, tant sur la forme que sur le fond, dans laquelle la profession a les moyens de construire son avenir.
  • La préparation et le passage collectif en secteur 3, si la forme ou le fond des négociations ne sont pas à la hauteur attendue.

Cette action est sans aucun risque, totalement anonyme et gratuite, le retrait est possible à tout moment, elle est transparente, avec une granularité très fine des territoires, et elle avance par cliquet. Nous vous tiendrons au courant du pourcentage de médecins déconventionnés sur chacun de vos territoires, chaque fois que plus de 10 % de médecins le seront. Jamais aucune décision ne sera prise (et ne peut-être prise) sans recueillir votre aval individuel.
Le but est d’atteindre en 14 mois (tout porte à croire que les négociations à venir en septembre ou octobre ne seront pas à la hauteur de ce que vous attendez, même si le 30€ est obtenu comme exprimé plus haut) 10 à 15 000 intentions de déconventionnement, et là de provoquer et construire l’avenir de notre profession.

Et l’inégalité ?
Vous le savez le tarif d’autorité prévaut lorsqu’un patient consulte un médecin déconventionné et le remboursement est de 0,61 € pour la consultation d‘un spécialiste en MG ou de 1€22 pour une autre spécialité… c’est vrai… pour le déconventionnement individuel…

Mais dans le cadre d‘un déconventionnement collectif, nous faisons exploser le système inégalitaire construit par l‘assurance maladie et imposons la réparation de cette injustice qui serait faite dès lors, à des millions de cotisants. Nous provoquons une situation intenable pour l’assurance maladie et imposons la fin du tarif d’autorité. Mais surtout, nous redonnons à chaque médecin la liberté d’exercer une médecine débarrassée des carcans administratifs et des contraintes qui l’étouffent.

Et… la liberté est la plus belle des issues.

Consoeurs, confrères, vous devez vous emparer de cette action et y entrer, en particulier si vous êtes en secteur 1, cette action est vôtre. Ce collectif, cette force collective, est la somme de chacune de vos individualités, chacune et chacun d’entre vous y sont cruciaux.
Ce combat est celui de la médecine, il est notre combat.

Je vous y attends,

Dr Jérôme Marty
Président UFMLS

2 Commentaires
  1. LE LANN 10 mois Il y a

    Médecin généraliste retraité depuis 13 ans je ne comprends rien à vos abréviations CTS, CPTS, GHT, PDSES, pourriez vous m’éclairer.
    Ceci étant dit allez-y déconventionnerez vous massivement et pratiquez des honoraires qui vous honoreront et en contrepartie arrêtez de vous constituer une clientèle de malades chroniques que vous faites revenir tous les mois pour un semblant de consultation, juste un renouvellement de traitement après un geste symbolique ridicule de prise de tension, revenez à ce que nous avons appris des consultations complètes, des renouvellements une fous par an afin de dégager des places pour tous les autres malades.

    • Godart 10 mois Il y a

      CTS: conseil territorial de santé, CPTS: communauté territoriale de santé, GHT: groupement hospitalier territorial, PDSES: permanence de soins en établissement de santé.

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