COMPTE RENDU UFMLS FOCUS PSYCHIATRIE DU 30 NOVEMBRE 2023

Pour l’UFMLS : Dr Sandra Daninos (psychiatre, expert judiciaire près de la cour d’appel d’Amiens).

Dr Jacqueline Goltman (psychiatre, vice-présidente de l’UFMLS).

Après avoir visionné des power-point portant sur la démographie des psychiatres et leur activité, nous avons soulevé les points suivants.

  • L’absence de la pédopsychiatrie dans cette présentation, sachant qu’elle a une spécificité bien définie, qu’elle est en grande difficulté et qu’on ne faisait état que d’environ 700 pédopsychiatres en 2017. La Cnam a-elle des chiffres récents au sujet des pédopsychiatres encore en activité ?
  • Une donnée démographique concernant le choix des internes pour la psychiatrie aux ECN 2023. En effet si 14 places ont été rajoutées, 68 postes n’ont pas été pourvus dans notre spécialité ce qui constitue un record.
  • Les patients sont également absents du tableau. Il est estimé qu’en France il y a 13 millions de patients souffrant d’affections mentales.La demande n’a jamais été aussi forte et les délais de rendez-vous s’allongent chez les psychiatres dont la démographie stagne avec moins d’installation chez les moins de 35 ans que dans les autres spécialités.
  • Les mauvais résultats obtenus au niveau des soins : la France a le taux de suicide le plus important d’UE ,13% pour 100000 habitants contre 10% pour 100000 dans les autres pays européens à niveau de vie comparable (OCDE). Les patients aux pathologies sévères errent de plus en plus livrés à eux-mêmes dans nos villes sachant que le risque de passage à l’acte est loin d’être négligeable.
  • La participation des mutuelles santé aux remboursements des soins psychiatriques sachant que les cotisations santé vont augmenter de 10% en 2024 avec un bénéfice attendu de 4 milliards d’euros pour ces mutuelles (F Bizard).Devant ce manque d’attractivité, des problèmes démographiques inquiétants et des revenus en bas de l’échelle des spécialités libérales, l’UFMLS demande :
    • L’augmentation et la simplification du CNPSY à hauteur de la moyenne européenne soit égale à 3C pour les psychiatres et les pédopsychiatres souhaitant rester au tarif opposable Elle estime que le S1 au tarif actuel n’est pas viable, ne permet pas de faire tourner un cabinet ni l’installation des jeunes. La moyenne d’âge des psychiatres qui s’installent en libéral est de 41 ans !
    • La réouverture du S2 pour la pédopsychiatrie et la psychiatrie sans laquelle ils pourraient se tourner vers le S3.
    • Revoir les conditions de l’application de l’APY, car cela n’a pas de sens en psychiatrie de ne pouvoir revoir un patient au rythme que les soins l’imposent dans les semaines qui suivent le premier contact.
    • Les conditions de l’application du MCY et des 2TC dits intervention de semi- urgence, ce mot étant à redéfinir, sachant qu’un cabinet libéral n’est pas du tout adapté au fonctionnement du SAS.
    • l’UFMLS demande la reconnaissance de la spécificité de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie certes pour une expertise (il y a plus de 410 affections mentales recensées dans la classification des maladies mentales DSM ), mais surtout pour un travail de suivi thérapeutique qui demande du temps pour chaque cas. Seules de bonnes bases diagnostiques et thérapeutiques, seule une relation de stabilité et de confiance avec le spécialiste peuvent garantir moins de rechutes et d’hospitalisations ce qui amène à une réflexion concertée sur les délégations de tâches qui peuvent représenter une perte de chance pour le patient.
    • Une extension de l’accès direct (11% des français n’ont pas de médecin traitant).
    • Une meilleure application du taux de téléconsultation autorisé, dans une spécialité où elle peut être adaptée pour certains cas.

Nous avons également analysé le document de la CNAM : « Santé mentale en soins primaires ».
Ce document établi par le collège de médecine générale et par un comité d’experts ne comporte pas l’aval du collège de psychiatrie, ni de bibliographie.
Il établit trois niveaux artificiels de dépression avec des recommandations de prise en charge par les médecins généralistes, en particulier la limitation des arrêts de travail et des prescriptions, n’interpellant le psychiatre qu’en dernier recours, ce qui à notre sens peut représenter un danger pour le patient.
Ces mesures seraient-elles aussi applicables pour les pathologies de l’addiction et la géronto-psychiatrie ?
Nous rappelons l’échec du dispositif « mon parcours psy « , les médecins généralistes souhaitant dans leur grande majorité des cas adresser les patients aux psychiatres.
Ce dispositif ne semble pas éthiquement correspondre à l’optimisation des soins recherchée pour nos patients.

Enfin, nous avons rappelé la place complémentaire que tenait le secteur psychiatrique quand il fonctionnait par rapport à la prise en charge libérale, son rôle dans le traitement des urgences avec ses centres de crise, son suivi des patients aux pathologies les plus sévères et ses lits d’hospitalisation avec des équipes spécialisées.

En conclusion pour l’UFMLS, il ne peut y avoir de bonne psychiatrie sans psychiatres.

 

En complément de nos échanges et à l’attention de Mr Benzaqui de la CNAM :

Notre spécialité pose un tel problème d’attractivité que son activité s’en trouve impactée.

Les chiffres démographiques montrent que de moins en moins de psychiatres (et sans doute pédopsychiatres ) s’installent, alors que la demande des patients est exponentielle et qu’en France 13 millions de patients souffrent d’affections mentales.

Les résultats au niveau thérapeutique sont mauvais, nous sommes en tête pour le pourcentage de suicide en UE, (13% pour 100000 patients contre 10%dans le reste de l’UE à niveau de vie comparable).

Les patients atteints des pathologies les plus sévères ne sont plus soignés ou mal et errent dans nos villes avec un risque de passage à l’acte non négligeable.

Nous devons absolument inverser cette tendance, reprendre les soins en main et permettre aux jeunes de s’installer.

L’UFMLS propose les éléments suivants :

– La revalorisation du S1 pour les psychiatres et les pédopsychiatres qui souhaitent rester au tarif opposable. Le CNPSY doit rejoindre la moyenne européenne qui se situe autour de 3C.

On compte 55% de psychiatres en S1, secteur qui n’est plus viable et ne permet pas de faire tourner un cabinet, donc ne permet pas d’envisager un taux correct de nouvelles installations.

-La simplification de la CNPSY qui n’a pas besoin d’être alourdie par des lettres complémentaires, mettons en place une vraie consultation psychiatrique et pédopsychiatrique avec un tarif décent nous permettant d’exercer notre spécialité au mieux et d’envisager un renouvellement des générations.

-La réouverture du S2 à tous les psychiatres et les pédopsychiatres, le blocage actuel du passage S1 non viable en psychiatrie avec une durée de consultation longue, au S2 représente un frein important à l’installation ainsi qu’un appel vers le S3.

-L’accès direct chez le psychiatre et le pédopsychiatre (11% des français n’ont pas de médecin traitant) évitant des retards de prise en charge et du nomadisme avec parfois des patients qui se retrouvent enfermés dans des dérives sectaires.

-Une extension du pourcentage de la téléconsultation par le psychiatre traitant quand elle est indiquée, accompagnée de sa juste revalorisation.

-Une réflexion autour de la délégation de tâches, car le premier contact, un bon diagnostic et une bonne prise en charge thérapeutique sont essentiels dans cette spécialité, sont facteurs d’économies ; la multiplication des intervenants n’étant pas toujours favorable au patient.

-Dans les conditions où l’attractivité de la psychiatrie serait restaurée, l’UFMLS propose des stages pour les internes organisés au cabinet du psychiatre libéral pour compléter sa formation.

-La réouverture de centres de crise psychiatriques sur tout le territoire soulageant ainsi le psychiatre libéral qui ne peut assurer des urgences pour des patients inconnus dans un cabinet non sécurisé.

 

1 Commentaire
  1. cotton 5 mois Il y a

    Merci pour votre travail en général et en particulier votre défense de la psychiatrie dont l’exercice a ses particularités.
    L’union et la solidarité de tous, sans cela pas d’avenir !!!!!

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