Analyse de UFML-S après l’interview de la Ministre de la santé sur son plan pour renforcer accès au soin

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Je sais bien, l’heure est à l’union, dans un de ces moments où comme le disait Jean Yanne « Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil »

Je sais bien, les mots sont doux à l’oreille, les éléments de langage duveteux, «confiance », « aide », « responsabilité ».

Et à l’unisson les syndicats de médecins, chantent les louanges de notre ministre en rupture avec les années Touraine…

Ils chantent et signent à l’unisson.

Devant cette liesse, il est permis de se demander si ceux-là sont ivres de contentement ou des profondeurs, tant les arguments développés par notre ministre nous plongent dans des abîmes de perplexités:

  •  « Nous n’aurons pas assez de médecins pour qu’ils s’installent dans chaque commune »

C’était pourtant le cas il y a peu. Y a-t-il plus de communes ? A l’évidence, non. Y a-t-il moins de médecins ? Nous savons que non, mais ils ne s’installent pas ou avec retard face à un avenir incertain et à une profession qui a perdu de son attractivité minée par les décisions politiques et administratives ! Cette phrase de notre ministre est symbolique du plan proposé, elle enterre toute volonté de sortie de crise par la relance de la médecine libérale pour des solutions d’attente, sorte de traitement palliatif pour ralentir encore un peu l’effondrement.

Elle sonne comme un renoncement à réformer et signe la continuité des politiques sanitaires précédentes…

  • « Mon plan propose des mesures pour aider les coopérations, les réseaux, les délégations de taches »

Le plan « aide » et favorise … la mise en place des organisations décidées … dans la loi de modernisation de la santé… Délégation de taches, communautés professionnelles, maisons de santé en lien avec les Groupements hospitaliers de territoire sous l’égide (et la surveillance) des ARS…Il faut que tout change pour que rien ne change.

  • « Tout n’a pas besoin d’être fait par un médecin »

Évidente évidence, mais, une fois éloigné du chœur des syndicats raisonne une autre question : exprimerait on cela si il existait une volonté de redonner à la médecine libérale la place qui était la sienne face à l’hôpital…

  • « Nous sommes très favorables aux exercices dans plusieurs cabinets, secondaires ou multisites…Notre plan propose également de faciliter l’activité mixte… »

Nous avons porté ces solutions nous ne pouvons être contre et saluons ici la volonté de les mettre en œuvre, mais il s’agit là encore de solutions partielles et provisoires. Il apparaît comme inconcevable d’imaginer un système  reposant  sur un jeu de chaises musicales plutôt que sur une multiplication des installations de médecins libéraux.

  • « Les médecins ne peuvent plus rester insensibles aux difficultés d’accès aux soins de nos concitoyens »

Après des années d’erreurs politiques et de sabotage du système sanitaire, d’hyper administration du soin, d’exclusion des soignants de sa gouvernance, de refus d’écoute des praticiens, et de desamenagement du territoire, il faut encore et toujours culpabiliser le médecin, le culpabiliser et l’infantiliser !

Aucune référence à la place des médecins dans la société, ni à leur engagement,  et leur rôle de dernier ciment sociétal quand les politiques ont perdu la confiance.

Parler « d’insensibilité » alors que depuis des années on les épuise à force de lois imbéciles est à l’égard des médecins à la limite de l’indécence.

  • « Notre système de santé solidaire est en grande partie financé par les cotisations sociales. Nous ne pouvons pas nous désengager »

La phrase se veut civique et moralisatrice, elle est surtout la traduction du raisonnement utilisé par les chantres de l’obligation d’installation : les médecins sont payés par la sécurité sociale, ils doivent aller où la nation le décide…

Si l’air est plus doux, la musique reste la même, et insensible au symbole, sur celle-là les syndicats de médecins dansent…

  • « J’ai chargé l’IGAS d’une mission sur ce sujet de la simplification administrative »

Personne ne cille…Et pourtant, autant demander à un débit de boisson d’organiser la lutte contre l’alcoolisme !!!

Au delà, nul n’est besoin d’une mission de plus pour mettre en évidence… Une évidence. La France a trop de lourdeur administrative, le poids de la paperasse, des normes, des circulaires, étouffe, pénalise et fragilise la médecine libérale comme ailleurs  mais plus qu’ailleurs. Les ARS, et autres Agences d’Etat, l’Assurance Maladie, et tous les rouages administratifs ont fait de la médecine un monde entre Courteline et Kafka.

  • « J’ai saisi la HAS pour qu’elle voit quelles pourraient être les limites de l’exercice de la téléconsultation ou de la télé expertise »

A la campagne, les deux pieds dans la glaise on dirait : « mettre la charrue avant les bœufs »

Les syndicats la encore ne semblent pas s’étonner de discuter avec l’assurance maladie des modalités de mise en œuvre et de tarification d’un système dont le référentiels comme les risques et limites n’ont pas été préalablement déterminés… ils signent…

Pas étonnés non plus que les ARS relais de l’État et donc du ministère, autorisent à tour de bras les plateformes commerciales de consultations financées directement ou indirectement par le monde de l’assurance. Ils participent…

Le fait que la HAS soit présentée comme experte d’un domaine où elle n’a aucune compétence ne semble pas les atteindre, passons, ils chantent…

  • « J’ai demandé à la DREES de m’en proposer…. j’ai demandé à la HAS de travailler sur des indicateurs de qualités de parcours de soin »

La Ministre prône des études et des indicateurs pour évaluer si les Français ont un bon accès au soin et sur les inégalités territoriales de santé… On se pincerait presque…

Des villes entières tombent, pour ne prendre que le sud-ouest, il est quasi impossible pour un nouvel arrivant à Montauban de trouver un médecin généraliste, Toulouse est un désert médical en devenir, à Paris les installations de médecins généralistes se comptent sur les doigts d’une main, et il faudrait des indicateurs pour mesurer ce que les Français ressentent…

Missions, mesures, indicateurs, communications, et solutions d’attente ne peuvent faire une politique, plus que d’une prise de conscience collective c’est de courage à reformer dont notre système relève.

Comme tous les observateurs, nous notons un changement de ton, mais il est de notre responsabilité que de dire que l’on ne peut se satisfaire d’une douce musique sans véritables paroles…

 

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