Médecine de ville, de figurant à premier rôle ?

Assistant de médecine générale subventionné.
Forfait à l’épisode de soin.
Télémédecine.

 

 

Les nouveaux mots de la médecine générale ne sont en rien des victoires syndicales, tout juste une adaptation à une situation de crise démographique médicale qui résulte des adaptations syndicales précédentes.

Rien de curatif, du symptomatique, du palliatif…

Il y a quelques années le précédent directeur de l’assurance maladie Frédéric Van Roeckeghem avait avoué savoir les médecins généralistes sous rémunérés mais ne pas vouloir les augmenter afin qu’ils continuent à voir de nombreux patients…

Les mesures installées (télémédecine, téléconsultation, téléexpertise) ou à venir (forfait à l’épisode de soin, assistant médical) participent du même cynisme, avec la complicité directe des syndicats.

L’acte de consultation reste à 25 euros et c’est une honte française.

Les médecins généralistes sont épuisés : baisse du nombre de médecins en exercice et augmentation de la demande de soin, cadences folles, pression des tutelles et injonctions administratives paradoxales. Près de la moitié sont en burn out, et, loin de leur permettre un exercice de qualité basé sur un temps de soin adaptable au cas de chaque patient par une rémunération à la hauteur de leur formation, de leur mission, de leur rôle sociétal et de leur responsabilité, il leur est proposé, des assistants…Pour voir plus de patients encore !

Assistants subventionnés par ces mêmes tutelles chargées de maintenir les tarifs des actes au niveau le plus bas de ce qu’il est possible pour assurer des soins médicaux, tutelles qui contractualiseront avec les médecins suite à cette offre.

La victoire syndicale se paiera par :
une augmentation de l’exercice, une augmentation du poids de la tutelle sur le soin, un possible surcoût pour le médecin assisté, un acte de base toujours à 25 euros.

Le paiement à l’épisode de soin, également défendu par les structures syndicales, participe du même principe : pas d’augmentation tarifaire, un forfait pour l’équipe de soin hospitalière et de ville (en bout de ligne) pour la prise en charge d’un patient atteint d’une pathologie ciblée par le dispositif.
Dans ce cadre, le médecin n’est plus qu’un élément d’une chaîne de soins protocolisés, à la responsabilité diluée et à la rémunération dépendante des décisions du Groupement Hospitalier de Territoire et du niveau de soin des intervenants précédents …

L’acte de base du médecin généraliste reste à 25 euros…

La télémédecine, outil demain incontournable, actée en négociation conventionnelle, n’amène aucune augmentation tarifaire pour le médecin généraliste, le tarif de base est toujours à 25 euros, pour une augmentation de la responsabilité inhérente à ce type d’exercice… Là encore, le poids de la tutelle s’alourdit avec un cadre strict de l’exercice.
De plus, rien n’a été fait pour limiter la main mise des plateformes sur la télémédecine et les structures commerciales se développent, s’affranchissent de l’encadrement déontologique, et font de la médecine un commerce. Elles ont pour objectifs de salarier des médecins toujours plus nombreux, médecins qui à terme ne s’installeront pas dans les zones en pénurie démographique.
Les déserts médicaux, loin d’y trouver une solution s’en trouveront aggravés.
Les syndicats saluent pourtant ces nouvelles organisations du soin comme des avancées.

Comment en est ont arrivé là ?

Les syndicats de médecins n’ont pas de réelle existence.

Faibles en nombre d’adhérents, ils ne cherchent un retour terrain que pendant quelques mois, tous les 5 ans au moment des élections professionnelles, dont les votes leur permettent de maintenir l’illusion d’une représentativité.
La proximité institutionnelle leur donne donc plus d’existence que la réelle représentation professionnelle.
Cette réalité explique un syndicalisme de composition.
La faute ne leur incombe pas totalement.

Les médecins n’osent pas franchir le pas et faire leur cette évidence : une représentation démocratique n’est possible qu’avec la participation réelle d’une majorité. Comment les blâmer après tant d’échecs ?

La gouvernance ne donne pas de possibilité décisionnelle réelle aux syndicats, prisonniers d’une démocratie sanitaire de façade, où la gouvernance est administrative, le périmètre des discussions conventionnelles décidé par le ministère de la santé, et où ils sont exclus des discussions relatives au financement du soin.

Le plan que va présenter le Président de la république le 18 septembre pourrait ne pas être à la hauteur des besoins et des nécessités.

On annonce une réforme basée en partie sur le rapport du HCAAM, si quelques éléments montrent une prise de conscience de la nécessité de développer la médecine de ville et de rapprocher ville et hôpital (création d’hôpitaux communautaires avec participation de la médecine de ville) il ne semble pas y avoir de révolution de la gouvernance, pas de prise en compte de la nécessité de rendre sa véritable attractivité à la médecine de ville, par une remise en cause profonde de l’administration du soin et de son modèle économique contraint.

L’UFML-S porte cette révolution de la gouvernance, cette idée de vraie démocratie sanitaire, de défense du paiement à l’acte, non comme valeur corporatiste mais comme défense de la liberté des pratiques et de l’indépendance des acteurs garante d’un modèle sanitaire dirigé par le seul intérêt du soin.
Au delà des mots et des effets d’annonces, la médecine de ville doit être protégée, développée, magnifiée et ne doit plus être cet acteur nommé premier rôle lors des annonces de réformes, pour être relégué figurant oublié lors de leurs applications…

Dr Jérôme Marty, président UFML-Syndicat

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