Changer oui, mais sans détruire

Dominique Thiers Bautrant

Dominique Thiers BautrantPour ceux qui s’interrogent encore sur l’évolution de notre système de santé. 
Nous avançons donc à marche forcée , à partir d’un système non hiérarchisé et fluide avec offre de soins diversifiée et non normative, vers un système normatif hiérarchisé autour de soins primaires dont le concept même n’est pas toujours facile à appréhender, y compris pour le législateur qui y patauge et se prend les pieds entre soins, prévention , urgences et « ruptures de parcours ».

Nous avançons sans transition vers un système que ni les structures, ni les modes de rémunération en cours ni même les esprits ne sont prêts à accueillir. 
Car enfin, penser que les spécialistes d’organes vont se replier tous vers les établissements, et que les médecins généralistes vont gentiment se répartir dans les centres de santé et MSP toutes neuves au financement incertain et non pérenne, relève quand même d’un certain manque de discernement. 
Nous allons donc tout droit vers La médecine publique pour le peuple, avec ses éternelles difficultés budgétaires, ses déficits chroniques et une médecine ultra privée, high tech que ne manqueront pas de promouvoir les nouveaux financeurs de la santé, les groupes assurantiels, qui n’ont pas vocation au déficit, eux. 
La convention quant à elle, fige définitivement le libéral dans un fonctionnement exclusif de maîtrise comptable et de régulation des pratiques par des protocoles « cheap » interdisant quasiment tout développement d’innovation en médecine de proximité. 
Les industriels, ailleurs qu’en France, continuent d’investir dans la recherche et ses applications médicales, et ce qu’un secteur libéral en bonne santé permettait de développer et d’appliquer rapidement à la population dans des délais très courts, dépendra maintenant du niveau de cotisation et de la surcomplementaire. 
Ce rapport date de 2009, il ne parle donc pas des listes d’attente du NHS, ni de l’ultra privé en Espagne comme en Angleterre, ni du revirement canadien ou suédois.
Et pourtant …
Il y avait nécessité de restructurer notre système de soins. 
Madame Touraine a choisi la technique du char d’assaut et de l’idéologie, elle a piétiné notre système et tentera de nous faire porter la responsabilité de son effondrement.
Ne s’émouvant ni de la progression des déserts, ni de la baisse constante de la démographie médicale, ni des mises en garde qui lui sont régulièrement adressées, ni de la détresse des soignants, elle avance….
Effaré humanisme est, perseverare diabolicum.
Dont acte.

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