Le mépris

Jerome Marty

Jerome MartyECN sur tablettes : ils ont gardé le plantage pour la fin (Egora.fr)

mépris

L’expérience ratée, une nouvelle fois des ECN sur tablette n’est que la résultante d’un mépris global d’une certaine classe dirigeante…

Etudiants cobayes et comptables de la bêtise administrative. Symbole d’une médecine méprisée du premier jour aux derniers jours d’activité, de vie, devrait-on dire au regard du régime de retraite et du vol des réserves prudentielles de la CARMF par l’Etat. Etudiants sous-rémunérés, sur-utilisés, souvent non encadrés…Internes en sur-responsabilité, aux horaires imposés hors de tout respect des lois du travail, pressurisés et épuisés parfois jusqu’au burn out, jusqu’au suicide parfois…
Ils resteront à l’hôpital où ils seront soumis à la toute puissance administrative, au manque de reconnaissance et à un avenir souvent décidé pour eux. Ils s’installeront en ville après 9 ou 10 ans de remplacements devant les charges et la difficulté de choix face à une médecine libérale fragilisée, enlaidie par l’encadrement, le poids administratif, les rémunérations indignes et sans plus aucun rapport avec la pratique, les responsabilités, les difficultés d’exercice. Certains abandonneront et s’orienteront vers d’autres métiers, d’autres projets, d’autres débuteront des carrières de médecins non soignants : médecins de l’industrie pharmaceutique, médecins d’agences administratives, de la Sécurité sociale, de sociétés d’assurances. D’autres encore s’installeront en établissements privés et seront soumis au même poids administratif et aux nécessités comptables des fonds de pensions et autres groupes financiers à la tête de 50 % du secteur.
L’installation, quelle qu’elle soit, leur fera découvrir le poids du mépris et la façon dont la France, pays dont la médecine était un des joyaux, traite aujourd’hui ses médecins ; ils entendront les reproches permanents des responsables du système : médecins qui prescrivent trop et mal, qui ne se forment pas, médecins responsables des inégalités sociales en santé, de l’inégalité d’accès au soin, médecins cupides … Ils exerceront pourtant et découvriront le regard de l’autre, l’âme de l’autre, ils vivront l’humain dans ses difficultés, ses souffrances, ses joies et ses peines les plus terribles. Ils côtoieront les difficultés sociales, familiales, professionnelles, la misère. Ils poseront leurs mains là ou d’autres n’osent poser leurs yeux, connaîtront l’odeur du sang, de la merde, l’odeur de la mort, ils entendront les cris, la colère, ils vivront le doute chaque jour… ils sauront la confiance, la reconnaissance, la gratitude, les sourires et les larmes de joie. Ils découvriront chaque jour un peu plus pourquoi ils ont voulu être médecin, ils sauront un peu plus chaque jour pourquoi, ceux-là mêmes qui brisent leur profession ne pourront jamais la comprendre.
Alors viendra l’heure du choix, se taire comme l’ont fait trop souvent leurs ainés, accepter, et exercer pour soi, s’adapter, ou se lever, avec la force de ce savoir, de cette expérience, de cette humanité, se lever avec cette expertise qui ouvre au droit de décider de l’avenir et de le construire, pour briser  définitivement la destruction de leur médecine , de notre médecine…Le joyau est là, en chacun de nous, il nous appartient de lui rendre son éclat…

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